B-R & H Finance ● Les 4 saisons

mi-octobre 2024

Riopelle - Cristallisé (80×100cm) - 1968
Galerie Gianna Sistu

Spécial Art – Nous restons prudents quant à l’art en tant que véritable classe d'actifs pour les non-initiés. C’est un marché peu régulé, dominé par un cercle restreint d’acteurs disposant souvent d’informations privilégiées.

Revue de marché

Entre Records et Corrections

La semaine passée a offert un spectacle contrasté sur les marchés, avec des sommets historiques et des soubresauts notables. Le S&P500 a signé un nouveau record à 5'860 points, tandis que le Dow Jones franchissait pour la première fois la barre des 43'000 points. De son côté, le CAC40 se distingue en lanterne rouge avec une performance YTD négative de -0.50%, suivi de près par l'indice coréen Kospi à -0.82%. En revanche, le S&P500 mène la danse avec une progression impressionnante de +22.3% depuis le début de l'année. À titre de rappel, les sociétés intégrant cet indice doivent posséder une capitalisation boursière d’au moins Usd 18 milliards.

Côté énergie, Total Énergie a traversé une semaine houleuse, enregistrant sa plus forte baisse journalière de l'année avec un recul de plus de 4%, effaçant 6 milliards d'euros de sa capitalisation. Néanmoins, certaines actions suisses se portent bien : Roche a repris +11.5% et UBS a gagné 9.5%, un résultat que l’on ne boudera pas.

Dans le secteur du fitness, les bonnes nouvelles continuent : Peloton affiche une hausse de +11.4% et Lululemon +7.8%. En revanche, Tesla a chuté de 12.4% après avoir déçu avec la présentation des WeRobots et de son taxi autonome. Constellation Energy de -7.3%, cette dernière subissant des prises de bénéfices suite à l'annonce du rachat de la centrale nucléaire Third Point par Microsoft.

En parallèle, SpaceX a impressionné en réussissant à faire atterrir son lanceur Starship à l’aide de pinces géantes, une prouesse d'ingénierie digne de science-fiction (YouTube, 2min).

Pour finir, mention spéciale au secteur du luxe, lourdement touché par les décisions chinoises. Pékin a relancé la pression sur les producteurs de cognac comme Pernod Ricard avec Martell, et menacé de taxes sur les berlines européennes. C’est la guerre commerciale, version luxe: "Je te tiens, tu me tiens pas la barbichette"

Pendant ce temps, certaines valeurs refuge ont brillé : l’or affiche une performance de +29% YTD, l’argent +31%, et Bitcoin continue son ascension avec un gain impressionnant de +57.2% cette année. Le Bitcoin, actuellement évalué à 65'500 Usd, semble même répondre aux anticipations du marché concernant une victoire potentielle de Trump, qui pourrait pousser son prix encore plus haut.

Sur le front des dettes souveraines, Fitch a maintenu la note crédit de la France mais l’a placée sous surveillance négative après la présentation du budget. Cela reflète les incertitudes autour de la trajectoire budgétaire et des perspectives de croissance économique, augmentant les risques d’une dégradation prochaine.

Dernières nouvelles

Hier soir, ASML, la fierté de la tech européenne, a subi un revers important en raison de retards de livraison, entraînant une chute de 13.4% de son cours et affectant l’ensemble du secteur technologique.

et les ventes du troisième trimestre de LVMH ont déçu (-4.19% à la mi-journée), affichant un manque de 4%. La croissance organique du groupe a même reculé de 3% (contre une attente de +0.9%). La division mode et maroquinerie, clé pour le titre, a vu ses ventes chuter de 5% alors que le consensus attendait une légère hausse de 0.2%. Une baisse alimentée principalement par la faiblesse des volumes et des effets de change.

Quelques chiffres

$20Mio, c’est la somme déboursée cette année par un collectionneur à Art Basel, Bâle, pour acquérir les Tournesols de Joan Mitchell. Bien que le record pour l’artiste soit de $25Mio, c’est la plus grande vente de la foire.

$80Mio, on murmure que c’est le montant de la garantie pour la toile L'Empire des lumières de Magritte, qui sera mise aux enchères chez Christie's en novembre prochain. Magritte a réalisé plusieurs versions de cette œuvre, et c’est le contraste entre le jour et la nuit qui lui confère tout son caractère surréaliste.

-18%, les ventes aux enchères d’art contemporain de mai 2024 ont tout de même atteint un total de $1.4Mia. À noter les $13.6Mio pour une œuvre de Felix Gonzalez-Torres et le record de $19.4Mio décroché pour une œuvre collective d’Andy Warhol et Jean-Michel Basquiat.

Editorial

Art Basel Paris

Petit rappel: 2 couples, Pierre, Isabelle et leur fils Jean, aisés, parisiens, ils aiment boursicoter. Paul et Virginie, Paul est un ami d’enfance de Pierre, il est banquier privé mais ne gère pas l’argent de Pierre.

Préambule : cet éditorial est avant tout un prétexte pour intégrer de nombreux liens vers des sites internet ou des documents pertinents dans le contexte actuel du marché de l’art.

Virginie est ravie. Ce soir, elle et son mari sont invités au vernissage d'Art Basel Paris (voir l’agenda). Même s'ils y allaient presque chaque année, c’est une joie d’être de nouveau au Grand Palais. Elle sait qu’ils passent après la bataille et que les vrais collectionneurs ont déjà arpenté les allées mais elle s’en moque (liste artnet des 200 plus gros collectionneurs au monde).

L’année dernière, elle avait surpris Leonardo di Caprio en discussion avec Brigitte Macron et Hélène Arnault sur le stand de la galerie Vedovi. Fidèle à ses habitudes, la galerie Vedovi présentait des œuvres de qualité, généralement d'artistes établis, souvent disparus. Cette année, par exemple, il présentait une très belle oeuvre de Gerhard Richter (liste Power 100 – Art Review).

Dès ses origines, la FIAC, comme beaucoup d'autres foires d'art, montrait une certaine schizophrénie. Elle cherchait à attirer des galeries spécialisées dans l'art contemporain (le C de FIAC), tout en se compromettant avec des galeries d'art moderne. Cette décision était justifiée : le nombre de galeries présentes suscitait l'engouement et assurait du chiffre d’affaire. De plus, les galeries d’art moderne ont l’avantage de présenter des valeurs sûres qui normalement trouvent preneurs.

Virginie connait son affaire

Virginie avait étudié à l’École du Louvre et avait fait un stage chez Christie’s à la fin du siècle dernier, quelques années avant que François Pinault ne rachète la maison de ventes en 1998. Fascinée par ce marché estimé à 65 milliards de dollars, bien qu’en baisse ces dernières années (voir l’étude de l’UBS). Elle comprenait que l’art n’était plus une question de beauté. Elle s’amusait des commentaires qu’elle entendait chaque année, tels que : «Mon fils de 5 ans pourrait faire pareil... et dire qu’il y a des c*** pour acheter ça!».

En déambulant dans les allées de la foire, Virginie ne pouvait s’empêcher de faire mentalement l’inventaire des artistes exposés. Certaines années, cinq galeries pouvaient proposer des œuvres de Damian Hirst, Barceló ou encore Gilbert & George, puis soudain plus rien. Les artistes disparaissaient. Il fallait du neuf. Il y avait aussi la multiplication de tel ou tel artiste qui venait de faire l’objet d’une exposition dans un musée (Joan Mitchell) ou d’artistes qui venaient de mourir, encore contemporains mais plus pour très longtemps (Brice Marden, Frank Stella). Et bien sûr, on retrouvait toujours les grands noms nationaux que l’on peine à voir ailleurs: César qui fait son retour, Georges Mathieu, Pierre Soulages († 2022), ou encore Serge Poliakoff.

Virginie comprenait aussi la psychologie des collectionneurs, qui pouvaient être classés, grosso-mode, en trois catégories. Premièrement, ceux qui trouvaient l’œuvre belle et l’achetaient par pure passion. Deuxièmement, ceux qui voyaient l’art comme un investissement. Et enfin, la troisième catégorie, ceux pour qui l’acquisition d’une œuvre constituait avant tout un marqueur social. Pour ces derniers, la taille des œuvres comptait, ce qui expliquait pourquoi plus un artiste devenait célèbre, plus ses œuvres tendaient à prendre des proportions gigantesques. Seule exception : Maurizio Cattelan, dont la démarche résolument différente continuait d’étonner (super vidéo).

Une soirée pleine de promesses

Bref, Virginie était impatiente pour sa soirée et hésitait entre porter un ensemble Courrèges bleu marine (la maison faisait un grand retour, propriété d’Artemis, la holding de la famille Pinault) ou opter pour un look plus décontracté : jeans, T-shirt, avec une paire de Golden Goose et un imperméable Burberry.

Paul, quant à lui, n’était invité que grâce à sa femme, mais il comptait bien profiter de l’occasion, comme chaque année, pour discuter avec quelques-uns de ses clients et prospecter. Il savait qu’il était bon d’être vu dans ces cercles. Cependant, il ne considérait pas l’art comme une classe d’actifs à part entière. Le marché était bien trop opaque et manipulé pour que de « petits » collectionneurs (en fait des suiveurs) puissent tirer leur épingle du jeu. La solution? Avoir son propre curateur, bien intégré dans le milieu, pour « gérer » sa collection dont on profite tout en délégant les décisions.

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Investissements

Elles font la pluie et le beau temps

Dans l'art contemporain, un artiste émergent n'a pas le contrôle, c'est la galerie qui fait autorité et qui a la marque, celle qui convainc les collectionneurs de s'intéresser à lui. Il y a cinq galeries d'envergure mondiale : Gagosian, Hauser & Wirth, Pace, Marian Goodman et David Zwirner. Pour la sixième place, la compétition fait rage entre White Cube, Lisson, Perrotin, Ropac et quelques autres. Aucune galerie n’a jamais réussi à s’imposer sur plusieurs générations; elles disparaissent souvent lentement avec leur fondateur, comme Beyeler, Bishofberger ou encore Durand-Ruel.

À New York, plus de 70% des expositions muséales sont issues d’artistes représentés par les 5 grandes galeries mentionnées ci-dessus. Elles dominent tout, façonnant et brisant à la fois les tendances et les cotes des artistes. Il faut se rappeler la brouille qui opposa Damian Hirst à la Gagosian Galerie (ils se sont réconcilés depuis), ainsi que, dernière en date, Jeff Koons à Pace (le mariage, la séparation).

Il se murmure que Bernard Arnault s’intéresserait à Gagosian. Mais, il semble peu probable qu’il puisse détrôner François Pinault, qui a su habilement intégrer l'art à tous les niveaux. En tant que collectionneur, en tant que marchand avec la Pinault Collection, comme propriétaire de Christie's, et en agissant parfois comme garant sur des ventes prestigieuses (comme pour le Salvator Mundi), Pinault maîtrise l'écosystème de l'art d'une manière unique.

Toujours au chapitre des rumeurs, Patrick Drahi serait sur le point de vendre Sotheby’s, dont la dette a presque doublé pour atteindre $1.8Mia depuis qu’il en a pris le contrôle en 2019. Pour notre part, nous regrettons l’époque où Sotheby’s était listée.

Rapport “Art Collector Insights 2024”

Publié il y a moins d’un mois, il donne les tendances clé du marché de l'art. Parmi les faits marquants, 82% des jeunes collectionneurs (moins de 36 ans) achètent de l'art en ligne, tandis que 95% des collectionneurs insistent sur la transparence des prix. De plus, 80% des budgets d'achat d'art sont restés stables ou ont augmenté en 2023. La majorité des collectionneurs prévoient d'assister à 2 à 5 foires d'art en 2024, et 55% ont négocié des remises sur leurs acquisitions.

Futur de l’art ?

Le marché de l'art généré par IA en est encore à ses balbutiements, même si des artistes comme Sougwen Chung et Mario Klingemann ont attiré l'attention aux enchères. Seuls 2% des collectionneurs traditionnels ont acheté une œuvre généré par l’IA. Toutefois, des préoccupations persistent concernant l'authenticité, la connexion émotionnelle et les risques d'une bulle spéculative, comme lors du boom des NFT en 2021-2022 (voir Hiscox Art and AI Report 2024).

Ces artistes qui ne font plus rêver…

Banksy, Jeff Koons et Damian Hirst subissent une décote notable, leurs œuvres étant de plus en plus rares en salles de vente ou en exposition. Même si Jeff Koons vient tout juste de marquer l’histoire en envoyant la première œuvre d’art sur la Lune, il est peu probable qu’il revienne à ses sommets de 2019, quand sa sculpture Rabbit s’était vendue pour $91Mio (1986, initialement acquise pour $40’000 à la galerie Ileana Sonnabend).

Patrimoine

“The market has been a disaster”

  • Citation tirée du dernier Artnet IR Mid Year Review (octobre 2024)

  • Source pour cet article: Morgan Stanley Art Market (lien)

Les indices du marché de l'art aident les collectionneurs et investisseurs à mieux comprendre les tendances et la valorisation des œuvres. Parmi les indices majeurs, Artnet suit les prix des ventes publiques, offrant des informations historiques, tandis que l'indice Mei Moses de Sotheby's suit les ventes répétées pour identifier les tendances de prix. Wondeur se distingue en utilisant l'intelligence artificielle pour prédire l'évolution des valeurs artistiques en s’appuyant sur divers facteurs, au-delà des simples transactions.

Mei-Moses Index

Jianping Mei et David Moses, deux professeurs de la NYU Stern, ont lancé en 2001 un indice basé sur des ventes répétées d'œuvres d'art. À l'origine, leur base de données contenait 4’500 paires de ventes, retraçant l'acquisition puis la revente de la même œuvre. Cet indice, d'abord calculé annuellement, est devenu mensuel après l'acquisition de l'indice par Sotheby’s en 2016. Cette méthode présente un inconvénient majeur : seules les ventes répétées sont prises en compte, représentant moins de 15% des ventes d'art, ce qui peut introduire un biais non négligeable.

Artnet Indexes

Les indices de la société reposent sur une vaste base de données de prix couvrant plus de 1’800 maisons de ventes aux enchères et 340’000 artistes, avec des données remontant à 1985. Ils se distinguent en calculant le prix médian pour chaque artiste, pondéré également avec celui d'autres artistes, ce qui réduit l'impact des ventes atypiques. Cependant, cette méthodologie dépend de la déclaration volontaire des participants au marché, ce qui peut fausser les résultats en cas de fluctuations dans la qualité ou la fréquence des rapports.

Wondeur Index

Il utilise l'intelligence artificielle pour analyser les tendances de prix de 240’000 artistes nés après 1900, en tenant compte de facteurs non transactionnels. Wondeur couvre 95% des artistes d'après-guerre et contemporains, tous médiums confondus. Leur méthodologie s'intéresse à l'influence des musées et galeries sur les trajectoires des artistes, offrant ainsi une vision plus large que celle des enchères, avec des sous-indices basés sur la date de naissance, le genre ou la nationalité.

En conclusion

Analyser l’art en tant qu’investissement présente plusieurs défis : le manque de données, car les ventes d'art sont moins fréquentes que les transactions financières, et souvent non documentées (de gré à gré) ou non-répertoriées (sous le prix de réserve). De plus, les œuvres d’un même artiste ne se valent pas toutes. Enfin, les artistes entre-eux n’ont la même valeur selon les périodes.

Ce fils de p****, donnez-lui 2 cannettes de bière et il serait capable de les vendre 

Willem de Kooning parlant de Leo Catelli

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