B-R & H Finance ● Les 4 saisons

Mi-aout 2025

De la pluie du 1er août aux bancs feutrés de la Fed, en passant par les yachts géants, les droits de douane américains et le réveil d’une baleine crypto de l’ère Satoshi, cette édition navigue entre politique, marchés et coups de théâtre économiques. Un tour d’horizon où se croisent F-35, franc fort, et or à +28%.

Revue de marché

BR & H Finance (11.09.2025 - 11am)

BR & H Finance (11.09.2025 - 11am)

Bourses en apesanteur, croissance sous anesthésie

Nous entamons le dernier tiers temps de la trêve estivale. Les recettes reculent un peu partout en Europe, mais les marchés, eux, s’obstinent à grimper. Deux vitesses, deux réalités.

S’il est un marché qui ne connaît jamais vraiment la crise, c’est bien celui des yachts de plus de 30 mètres. Certes, 2008, le Covid ou les sanctions contre les oligarques russes ont créé quelques remous, mais globalement la vague est toujours porteuse. La flotte a doublé depuis 2008, atteignant plus de 6’000 unités, et le marché a généré 7,5 milliards Eur en 2024 (+1,6 milliard par rapport à 2023). Et comme plus de 700 yachts sont en construction, on peut parier que l’entretien et les marinas ont encore de belles décennies devant eux. Moralité : à défaut de battre le marché, mieux vaut investir dans les quais où il s’amarrent.

Côté gestion, deux points à retenir. Les fonds systématiques (algorithmiques) sont surinvestis, et selon UBS, ils vendront si le S&P500 passe sous 6’100. À l’inverse, la gestion traditionnelle est sous-investie. En d’autres termes, l’homme et la machine sont en désaccord. Pour aggraver le phénoméne, aux États-Unis, les particuliers représentent plus de 20% du volume quotidien, bien au-dessus de la moyenne historique. Donc, le professionnel et l’homme de la rue sont eux aussi en désaccord.

Aucun des marchés que nous suivons n’est dans le rouge. Les African Titans (+37%) et le Kospi (+34%) mènent la danse. Le SMI ferme la marche (+2,72%), trop exposé au commerce international et aux secteurs sans vent arrière. Neuf des dix meilleures performances YTD sont des banques ou des valeurs liées à l’armement. Une banque européenne à +100% sur huit mois hors OPA ? On n’avait pas vu ça depuis… jamais. Dans les lanternes rouges, Novo Nordisk paie son incapacité à protéger ses brevets partout : un amateurisme destructeur de valeur à ce niveau, c’est du jamais vu.

Aux États-Unis, Donald Trump étend son emprise sur la Fed en nommant Stephen Miran pour remplacer Adriana Kugler. Officiellement, Miran a un doctorat d’Harvard et un CV impeccable. Officieusement, il “pense comme moi”, selon Trump. La Fed résiste encore à la pression présidentielle pour baisser les taux, mais le promoteur immobilier reconverti en président connaît l’impact d’un crédit cher sur la construction. Jerome Powell, pourtant nommé par Trump, garde le cap face au risque inflationniste causé… par les droits de douane de Trump.

En parlant de finance américaine, la dette change de visage. Washington vient d’émettre 100 milliards Usd de T-Bills (moins d’un an) ; un record. Les émissions pourraient atteindre 650 à 830 milliards Usd d’ici décembre. La stratégie est assumée : à 4,8% sur 30 ans, il n’est plus “logique” de s’endetter à long terme.

Les droits de douane américains, eux, sont à un plus haut depuis 100 ans : plus de 13,5% en moyenne sur toutes les importations. Les distributeurs liquident les anciens stocks non taxés, mais les nouveaux produits, eux, arrivent avec la surtaxe intégrée. Et devinez qui passera à la caisse au final…

Sur le front crypto, l’Ethereum a fait un retour spectaculaire, de -40% il y a quelques mois à +21,28% aujourd’hui, grâce à l’intérêt renouvelé pour les Stablecoins (même si l’Ether n’en est pas un). Le Bitcoin gagne 25% en Ytd, l’or +28%, et l’argent brille encore plus à +31%.

Et puis, le 4 juillet, une baleine de l’ère Satoshi s’est réveillée. Huit portefeuilles dormants depuis 14 ans, totalisant plus de 80’000 bitcoins, ont été réactivés, déplacés, puis partiellement vendus. Montant : 9,8 milliards Usd. Officiellement, une opération de planification successorale. Officieusement, un épisode digne d’un thriller crypto, avec ultimatums juridiques inscrits dans la blockchain, tests grandeur nature et spéculations folles — CIA, Roger Ver, Satoshi lui-même. Le marché a encaissé le choc sans broncher, mais l’affaire rappelle que dans la crypto, les fantômes du passé peuvent refaire surface à tout moment.

Quelques chiffres

  • Environ 25 % des foyers français sont équipés de climatisation, contre plus de 90 % aux États-Unis, au Japon et en Corée du Sud.

  • 68 % des financements américains de startups au premier semestre 2025 sont allés à des entreprises basées en Californie.

  • Les personnes souffrant de troubles du sommeil sont quatre fois plus susceptibles d’être malheureuses.

Editorial

La Suisse, neutre et désarmé

Le 1er août, la Suisse a fêté sa fête nationale sous une pluie torrentielle, rien à voir avec la carte postale, surtout sur Bâle – Saint-Gall – Zurich, le poumon industriel du pays. L’ambiance était morose, comme si la météo voulait nous dire qu’on n’avait pas vraiment le moral.

Pays de consensus, pays neutre, on négocie chez nous… mais pas avec nous. Micheline Widmer-Schlumpf hier, Karin Keller-Sutter aujourd’hui, toutes deux ont échoué là où Ursula von der Leyen a gagné une demi-victoire. Résultat : la Suisse reste dans l’antichambre du pouvoir, condamnée à traiter avec des seconds couteaux, comme Marco Rubio ; la voix de son maître.

L’argent, c’est le nerf de la guerre. À l’époque du secret bancaire, on tenait les comptes (bien peu avouables) de l’OLP, de dictateurs ou de potentats. Lombard Odier a géré 300 millions USD pour l’OLP entre 1997 et 2001, en toute légalité. On avait du levier. C’était une neutralité qui pesait, contrairement à la neutralité suédoise qui, soyons honnêtes, ne sert pas à grand-chose.

Sur l’échiquier international, on ne pèse plus lourd. Condamnés à acheter des F-35 au prix fort (Chf 6 milliards pour 36 appareils), plus le matériel, la logistique, les munitions, la formation… pour un total prévu jusqu’à Chf 15,5 milliards sur 30 ans. Et comme si ce n’était pas assez, la note pourrait encore grimper de Chf 1,3 milliard de surcoût. Bref, le “prix fixe” est devenu “c’est comme ça et pas autrement”. Nous les recevrons au compte-gouttes, quand tout le monde aura été servi. Mais à quoi servent-ils ? À défendre un pays qui n’en a pas besoin, bordé de toutes parts par l’Europe. Nous voulions acheter américain pour rééquilibrer (peut-être) la balance commerciale, bien nous en a pris. Nous aurions mieux fait d’acheter européen ; au moins nous partageons avec eux la peur d’un ennemi commun.

Coincés entre l’Iraq à 35% et le Myanmar à 40%, on se demande ce que la Suisse est allée faire dans cette galère avec des droits de douane à 39%. Pour les PME/PMI, c’est la double peine : un franc qui s’est apprécié de 11% contre le USD en YtD (voir plus haut).

L’horlogerie n’est que le haut de l’iceberg helvétique. On a fait de la précision un totem. Notre industrie est un maillage de petites entreprises ultra-spécialisées, dont les produits ignorent l’obsolescence programmée : nos machines d’occasion passent d’un pays développé à l’autre, moins développé. Et avec notre absence d’impôts sur la plus-value ou sur l’héritage, on protège et on encourage l’entreprise familiale.

Nous souffrons de notre image : celle d’un petit pays de cocagne où les habitants sont riches, où l’on produit des montres, du chocolat et des médicaments. Un pays où il fait bon vivre, où les paysans sont des paysagistes. Un pays où le peuple gouverne avec bon sens (à main levée). Aux États-Unis, personne ne connaît le nom de notre capitale, pas plus que les Suisses ne savent citer leurs conseillers fédéraux. Les voilà, pour qu’on arrête de passer pour des ignares:

  1. Karin Keller-Sutter (Présidente de la Confédération, PLR, finances)

  2. Guy Parmelin (UDC, économie formation recherche)

  3. Ignazio Cassis (PLR, affaires étrangères)

  4. Albert Rösti (UDC, environnement transports énergie communication)

  5. Élisabeth Baume-Schneider (PS, intérieur)

  6. Beat Jans (PS, justice et police)

  7. Martin Pfister (Le Centre, défense protection population sports)

Guillaume Tell, le héros qui aurait abattu le bailli des Habsbourg, appartient au domaine des contes patriotiques, des mythes fondateurs, des histoires pour enfants. Joli à entendre, mais faux historiquement. Dans la réalité, David ne bat pas Goliath sans un minimum de ruse, et c’est justement cette ruse qui nous fait cruellement défaut.

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Patrimoine

Quand legéreté fiscale rime avec vérité fiscale

Taxer les riches ne se fait plus uniquement chez eux, mais aussi quand ils partent. C’est le nouveau réflexe des États européens qui, face à la fuite croissante des contribuables les plus fortunés, durcissent les règles de départ. Allemagne, Belgique, Norvège : tous revoient leur législation pour que ceux qui quittent le navire laissent une obole à quai. Les taux peuvent atteindre 45 %, et les dispositifs deviennent redoutablement techniques. En Norvège, par exemple, de nouvelles règles empêchent les entrepreneurs de contourner l’exit tax en partant quelques années pour toucher des dividendes à l’étranger avant de revenir. Le fisc norvégien surveille désormais ces allers-retours.

La France, fidèle à son ADN fiscal, applique déjà une exit tax de 30 % sur les plus-values latentes dépassant Eur 800'000, en plus de droits de succession élevés et de l’impôt sur les revenus. Le Royaume-Uni a récemment aboli son régime “non-dom”, vieux de plus de deux siècles. Et le Portugal a supprimé en 2023 son régime fiscal attractif pour les non-résidents.

Conséquence logique : la carte de l’Europe se redessine. La Suisse, Monaco, l’Italie ou les Émirats Arabes Unis deviennent les nouveaux pôles d’attraction. En Suisse, le forfait fiscal entre 100'000 et 400'000 francs suisses attire les Norvégiens, les Espagnols, et désormais les Britanniques, exaspérés par les évolutions récentes de leur fiscalité successorale. En Italie, le régime “flat tax” à 200'000 € par an séduit de plus en plus de Français, d’Américains, et de Londoniens en quête de douceur milanaise et de stabilité.

Mais même ces havres fiscaux ne sont pas à l’abri : en Suisse, un projet d’imposition à 50 % sur les héritages au dessus de Chf 50mio sera soumis au vote le 30 novembre 2025 (c’est le referundum le plus bête qu’on puisse imaginer, c’est mécomprendre pourquoi la Suisse est riche - Lien).

Disparaitre, être fiscalement apatride

L’idée séduit certains : ne résider fiscalement nulle part, pour n’être imposé nulle part. Mais entre mythe et réalité, l’écart est abyssal. Pour être fiscalement apatride, il faut que personne ne vous considère comme résident.

Même en passant entre les mailles, les banques ne suivent pas. Elles exigent un certificat de résidence fiscale pour ouvrir un compte ou se conformer aux règles anti-blanchiment. Sans cela : refus, contrôles renforcés, complications à répétition.

Le vrai levier, c’est la stratégie, pas l’effacement. S’installer dans une juridiction à fiscalité faible et reconnue (comme les Émirats ou Monaco), planifier son départ avec soin, gérer son exposition aux conventions de non-double imposition, éviter les erreurs de timing fiscal. Cela demande du temps, des moyens, et un accompagnement rigoureux.

Par exemple, il est possible d’établir sa résidence fiscale principale aux Émirats Arabes Unis, en obtenant un certificat de résidence après un minimum de 90 jours de présence effective par an, et d’organiser son année en passant plusieurs mois en France et, ou en Suisse, et à voyager. Pour que ce schéma fonctionne, il est essentiel de respecter rigoureusement les seuils de présence fixés par chaque juridiction. En France, il faut éviter de dépasser les 183 jours, mais aussi veiller à ne pas y avoir son centre d’intérêts économiques ou son foyer principal. En Suisse, il convient de rester en dessous de 90 jours sans activité lucrative, ou 30 jours si l’on exerce une activité rémunérée. L’ancrage fiscal doit clairement rester aux Émirats : cela implique non seulement une présence physique suffisante chaque année, mais aussi des liens économiques, administratifs et bancaires solides dans le pays. Bien préparé et documenté, ce mode de vie permet de bénéficier d’un cadre fiscal avantageux tout en profitant de la mobilité internationale.

Notre opinion: Il faut vivre son optimisation fiscale, de pas chercher à avoir le lard et l'argent du lard.

La Suisse est un pays où très peu de choses commencent, mais où beaucoup de choses se terminent.

F. Scott Fitzerald

A propos de B-R & H Finance

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