B-R & H Finance ● Les 4 saisons

Juin 2025

Dall-E

“Il me fatigue”, C’est un peu le sentiment qui domine les marchés, avec toutes ces annonces de Donald Trump qui soufflent le chaud et le froid. Les entreprises aimeraient un peu plus de sérénité, tandis que les marchés réagissent au quart de tour au moindre tweet.

Revue de marché

“Il me fatigue”

C’est souvent ce qu’on entend de la part de parents face à un enfant en bas âge débordant d’énergie. C’est aussi, toutes proportions gardées, le ressenti actuel des marchés face à la volatilité politique ambiante. Les annonces contradictoires de Donald Trump, les revirements de position et les tweets imprévisibles pèsent sur la lisibilité économique. Les entreprises réclament plus de stabilité, mais les marchés réagissent au quart de tour.

Un nouvel acronyme circule : TACOTrump Always Chickens Out, une création de Rob Armstrong du Financial Times. Une moquerie qui amuse certains, exaspère d'autres… et pourrait bien encourager Trump à ne plus reculer, par simple esprit de contradiction.

Moody’s est venue ajouter un grain de sable en abaissant la note des États-Unis de AAA à Aa1, treize ans après S&P. La montagne a accouché d’une souris : le 10 ans US affiche un rendement de 4.42%, en légère baisse par rapport au début de l’année (4.58% au 1er janvier).

À l'international, le mouvement le plus net est venu du Japon, où les taux à 10 ans ont bondi de 1.08% à 1.50% en un mois, un changement rapide pour un pays habitué aux taux nuls.

Une fois n’est pas coutume, l’Ethereum affiche la meilleure performance de tous les indices que nous suivons (+43.75%) mais reste en baisse sur l’année (-22.98%). Ce qui n’est pas le cas du Bitcoin, +10.55% sur le mois et +11.61% sur l’année.

Des marchés bien orientés en mai

Le S&P500 a progressé de 6.73% en mai, sa première hausse mensuelle depuis janvier. C’est également la meilleure performance du mois de mai depuis 1990, et son plus fort gain mensuel depuis novembre dernier. En Europe, la hiérarchie a changé : le DAX affiche un YTD de 20.29%, désormais dépassé par l’IBEX35 qui grimpe de 21.37.% depuis le début de l’année.

En revanche, le Nikkei reste en retrait avec une performance YTD de -6.09%, pénalisé par la remontée du yen et des taux d’intérêt domestiques.

L’élément déclencheur du rally du Nasdaq100 de fin mai (+9.73%) fut la publication des résultats de Nvidia, qui a une nouvelle fois dépassé les attentes malgré un ralentissement notable de ses ventes en Chine.

Le champion chinois des batteries, CATL, a vu son action grimper de +15.9% dès son premier jour de cotation à Hong Kong. C’est une des sociétés qui compte le plus dans la transition du mix énergetique.

Matières premières : le reflux

Les prix de l’énergie poursuivent leur repli. Le WTI perd -13.52% et le Brent -14.12% depuis le début de l’année, pénalisés par une ouverture des vannes du côté de l’OPEP+. On ne retrouve pas nécessairement ces baisses à la pompe, en particulier en Suisse, mais elles devraient contribuer à faire baisser l’inflation et, potentiellement, les taux.

Notre opinion

L’été sera chaud… Le moratoire de 90 jours accordé par la Maison Blanche arrivera à son terme, et pourrait raviver les tensions commerciales. Le VIX, juste en dessous de 20, semble ignorer cette nervosité latente. Historiquement, les mois d’été ne sont pas les plus calmes sur les marchés.

Quelques chiffres

  • Le 22 mai 2010, Laszlo Hanyecz payait 10'000 Bitcoins pour deux pizzas ; 15 ans plus tard, à l’occasion du Bitcoin Pizza Day, ces bitcoins valent plus de 1.1 milliard Usd, soit une pizza à USD 550Mio l’unité…

  • Le Danemark relève progressivement l’âge de la retraite à 70 ans d’ici 2040 (contre 67 aujourd’hui). La loi a été adoptée sans grand tumulte (81 pour, 21 contre) mais reste largement impopulaire. L’âge légal est indexé sur l’espérance de vie depuis 2006 ; cap à 68 ans en 2030, puis 69 en 2035…

  • OpenAI s’associe à Jony Ive et rachète la start-up IO, créée en 2024, pour 6.5 milliards Usd. Objectif : créer un appareil révolutionnaire, probablement sans écran, donnant accès aux meilleurs modèles d’IA. Quand l’IA rencontre le design made in iPhone…

Editorial

Le collier de perles est passé de mode

Au Ier siècle av. J.-C., Jules César offrit à sa maîtresse Servilia, mère de Brutus, une perle noire d'une valeur estimée à six millions de sesterces, soit environ 1,5 milliard de dollars actuels. Un cadeau extravagant. Quelques années plus tard, Cléopâtre entre dans la vie de César. Elle lui donne un fils, Césarion, et s’impose comme une alliée politique redoutable. Après la mort de César, elle se lie à Marc Antoine, nouvel homme fort de l’empire. Lors d’un banquet, selon Pline l’Ancien, elle aurait dissous dans du vinaigre une perle géante avant de la boire, pour démontrer que l’Égypte pouvait réduire en une gorgée ce que Rome mettait des années à amasser..

Comment un coquillage a bouleversé Abu Dhabi

Il fut un temps pas si lointain où les émirats du Golfe n’avaient ni pétrole ni gratte-ciel. Ce qu’ils avaient en revanche, c’était des perles. Pas celles qu’on cultive ; non, les vraies, les rares, les naturelles. Celles qu’un plongeur torse nu allait chercher à vingt mètres de profondeur, en apnée, dans des eaux pleines de dangers… et d’espoir.

Au tournant du XXe siècle, la pêche à la perle représentait le cœur battant de l’économie d'Abu Dhabi. Les dhows, ces voiliers traditionnels, rentraient de mer pleins de coquillages, Sur dix mille huîtres, on trouvait parfois une perle, souvent difforme. Les plongeurs vivaient dans des conditions extrêmes. Faisant jusqu’à 50 descentes par jour. Une pince sur le nez, une corde à la cheville, et un filet pour remonter les coquillages. Leur espérance de vie ? Aussi fragile que la nacre qu’ils chassaient.

Mais cette époque allait s’effondrer. La révolution est venue du Japon, avec un homme: Kokichi Mikimoto.

L’homme qui a tué l’industrie perlière

En 1893, après des années d’essais, Mikimoto parvient à cultiver la première perle. Il introduit un irritant dans une huître, contrôle le processus et… magie : quelques mois plus tard, une perle parfaitement sphérique, brillante, vendable. Il venait d’inventer la perle cultivée. La nature… domestiquée.

Mais il faudra du temps pour que son invention bouleverse le monde. Ce n’est qu’à partir des années 1920 que les perles japonaises commencent à inonder les marchés, d’abord à Londres, puis à Paris et New York. À qualité visuelle égale, leur prix est trois à dix fois inférieur. Le sort est scellé.

En une décennie, l’économie de la perle du Golfe s’effondre. Abu Dhabi, exsangue, voit fuir ses commerçants, ses banquiers, ses familles. La ville devient un village. En 1939, le dernier grand navire perlier jette l’ancre pour de bon.

Et depuis, plus de retour en arrière

Aujourd’hui, 99% des perles sur le marché mondial sont cultivées. Elles viennent du Japon, de Chine, de Tahiti ou des Philippines. Les perles naturelles ? Elles ne sont plus péchées. Les exceptionnelles se vendent aux enchères, à prix d’or, chez Christie's ou Sotheby’s, comme de petits miracles préservés du progrès.

Alors, si le collier de perles a disparu des cous, est-ce parce que la perle n’est plus rare… ou parce qu’on ne cherche plus à briller de la même manière ? Jadis, elle disait l’élégance, la puissance, le rang (je suis très content de ce jeu de mots !). Et pourtant, on continue de dire d’une chose précieuse, discrète, unique : c’est une perle. Comme si, malgré les modes, elle gardait ce pouvoir d’évocation, ce petit supplément d’âme. Finalement, ce n’est pas la perle qui a changé, c’est ce qu’on choisit de voir en elle.

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Investissements

Le prix de l’amour

Après la perle cultivée, voici le diamant de laboratoire. Même logique, même bouleversement silencieux. Techniquement, c’est un vrai diamant : même composition chimique, même brillance, même dureté. À l’œil nu, impossible de distinguer un diamant extrait des entrailles de la Terre de celui né dans un four à plasma. Seuls quelques microscopes très spécialisés peuvent trancher. Autant dire qu’à une soirée, c’est surtout l’histoire qu’on raconte avec sa bague qui fait la différence.

Le point de vue de celui qui offre

Est-ce que je lui offre un diamant naturel de 3 carats, couleur H, pureté VS1, ou un diamant de laboratoire de 6 carats, D, VVS1, pour le même prix ? Que dit vraiment ce choix sur moi ? Qu’est-ce que je lui offre, au fond ? Un symbole ? Une posture ?
Choisir un diamant de laboratoire, est-ce faire preuve de bon sens ? Un geste éthique ?
On dit qu’un diamant signifie “pour toujours”. Mais si la pierre ne vient pas des entrailles de la Terre et n’a pas 3 milliards d’années… est-ce que le message tient toujours ?

Le point de vue de celui qui reçoit

Il est sublime. Six carats, impeccable, étincelant; le genre de diamant qui attire tous les regards.
Mais une petite voix me souffle : est-ce que je n’aurais pas préféré un plus petit… s’il avait été extrait de la Terre ? Pas pour la valeur. Pour l’histoire.
Parce qu’au fond, un diamant, ce n’est pas juste une pierre. C’est une promesse. Un signal.
Peut-être que le romantisme ne se mesure pas en milliards d’années. Peut-être que la vraie question, ce n’est pas “Est-ce qu’il est vrai ?” Mais “Est-ce qu’il l’est, lui ?”

Par ailleurs, la distinction est tellement difficile à faire que nombreux sont ceux, qui dans la profession, parlent de diamant de laboratoire vendus comme naturels.  Et ça, ça sape la confiance… et la valeur.

Et puis, il y a le marché, le vrai. Aujourd’hui, plus de 70% des diamants sont utilisés dans l’industrie, pas dans la joaillerie. Pour couper, polir, forer. Là, la messe est dite : les diamants de synthèse dominent. Plus simples, moins chers, plus efficaces. À terme, l’extraction pourrait devenir obsolète. Comme la chasse à la baleine ou l’envoi d’un fax.

Mais dans les vitrines des bijoutiers, la traction reste timide. L’aura du diamant naturel, son mythe forgé à coups de marketing et de promesses éternelles, résiste.

Notre opinion

Chez BR & H, on ne croit pas à la nostalgie comme stratégie d’investissement. Le diamant naturel restera probablement un produit de luxe convoité, notamment dans les pièces de collection signées ou exceptionnelles. Mais pour tout le reste, la pression est là : éthique, technologique, économique. À moyen terme, l’écart de valeur entre le diamant extrait et le diamant cultivé pourrait devenir aussi absurde que celui entre une perle naturelle et une perle de culture aujourd’hui.

Investir dans un diamant pour sa beauté ou pour marquer une étape de vie ? Bien sûr. Mais comme placement, soyons lucides : la rareté perçue ne fait pas une valeur pérenne. Et si l’industrie continue d’évoluer comme prévu, ce sont peut-être les certificats… plus que les carats… qui pèseront le plus lourd.

Patrimoine

Tournez manège

Les perles naturelles ont été supplantées par des perles cultivées ; les diamants de laboratoire pourraient bientôt remplacer ceux extraits des mines. Mais l’or… l’or résiste. Depuis des siècles, on a tout tenté pour le reproduire. Les alchimistes médiévaux y ont consacré leur vie, persuadés qu’avec la bonne formule, le bon feu et la fameuse pierre philosophale, ils transformeraient n’importe quel métal en or. En vain. L’humanité a su recréer la lumière des étoiles, la puissance de l’atome… mais pas l’éclat de l’or.

Et pourtant, objectivement, l’or n’a rien de pratique. Il ne verse pas d’intérêt, ne génère pas de flux, n’est que moyennement fongible (essayez donc de payer une voiture avec un lingot). Il ne sert à rien… mais il rassure.

L’or est cette chose étrange que personne ne regarde quand tout va bien, mais que tout le monde cherche quand tout vacille. Il ne se dévalue pas comme une monnaie, il n’a pas besoin de banque centrale, il n’émet pas de bilan carbone. Il ne dépend d’aucune promesse. En période de crise, il est ce que le dollar était autrefois : un abri.

Pendant des années, la Chine a été l’un des plus gros détenteurs de bons du Trésor américain, avec un pic dépassant les 1'300 milliards Usd. Mais les temps changent : depuis quelque temps, Pékin réduit discrètement la voilure. Au premier trimestre 2025, ses avoirs étaient tombés à environ 759 milliards Usd. Une tendance qui s’inscrit dans une volonté claire de diversification. En parallèle, la Chine renforce ses réserves d’or à marche forcée : 2'292.31 tonnes désormais, soit 6.5% de ses réserves officielles. Le métal jaune a visiblement la cote à Pékin.

Notre opinion

L’or a sa place dans un patrimoine équilibré : comme assurance, comme diversification, comme réserve discrète. Mais ce n’est pas un moteur de performance. On ne construit pas une stratégie sur un actif qu’on planque sous un matelas. Et si l’envie vous prend de courir après l’once, souvenez-vous du vieil adage : pendant la ruée vers l’or, ce sont les vendeurs de pelles qui s’enrichissent, pas les chercheurs de pépites.

De notre côté, cela fait un moment que nous restons à l’écart des obligations souveraines : les rendements réels restent faibles et le risque asymétrique. Quant au yuan, il prend de l’ampleur dans le commerce mondial, c’est indéniable. Mais Pékin ne veut pas d’une monnaie trop forte, alors difficile d’y voir aujourd’hui une opportunité d’investissement stratégique.

Un diamant n’est qu’un morceau de charbon qui a su gérer la pression de manière exceptionnelle.

Anonyme

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