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B-R & H Finance ● Les 4 saisons
Juillet 2025

Ian Simmonds - Unsplash
Pour Trump 1, il fallait canaliser la Corée du Nord ; pour Trump 2, ce sera l’Iran. Deux dictatures, deux ambitions nucléaires, deux stratégies de provocation balistique. Le langage est le même : menace, négociation, démonstration de force. Et pourtant, les marchés restent de marbre, habitués à ces bruits de bottes. Tant que les tankers passent et que les missiles ne font pas trop de dégâts, les indices restent calme.

B-R & H Finance - Purement indicatif au 29.06.2025

B-R & H Finance - Purement indicatif au 29.06.2025
Revue de marché
Nestle chute, Nike rebondit et le monde s’incline devant Trump
Le double effet des tarifs douaniers et de la chute du USD (-12% contre le CHF) est dévastateur pour les PME/PMI suisses qui n'ont pas la taille pour avoir des sites de production hors de Suisse. Pour les grands groupes, la situation n'est guère meilleure, obligés d'appliquer le "Swiss finish" auquel le client s'attend (Nestle -10.43% en Mtd). Le SMI est quasiment le seul indice qui baisse en juin (-1.42%, mais +3.27% en YTD). Sur la Bourse suisse, il convient de privilégier les sociétés avec un moat important, capables d’imposer leurs marges, ou les sociétés à caractère principalement domestique.
L'or, qui baisse (-1.87% en MTD) en ce mois de turbulences géopolitiques, en dit long sur les raisons pour lesquelles les investisseurs achètent le métal jaune ; ce n'est pas comme bas de laine ou police d’assurance, mais pour se diversifier du dollar. L'or s'est d'ailleurs fait ravir sa place de premier sur le podium, des meilleures performances de l’année, par le Kospi (+27.26% en YTD) et l'African Titan 50 (+26.66%).
Mention spéciale pour le DAX, qui passe la marque symbolique des +20% (+20.71%), boosté par les investissements publics dans les infrastructures, qui vont bondir de 55% pour atteindre plus de 115 milliards d'euros. Ils se maintiendront ensuite chaque année à près de 120 milliards jusqu'en 2029. Et ces dépenses ne sont que le haut de l'iceberg, elles nourriront la croissance allemande.
Les pays du G7 ont accepté d'exempter les États-Unis de l'impôt minimum mondial de 15%, encore une victoire pour Trump. Après un trou d'air de quelques mois, il est de retour dans toute sa magnificence. Les leaders du monde entier se prosternent devant lui. Maintenant, les États-Unis ne demandent même plus l'autorisation du Conseil de sécurité de l'ONU avant d'intervenir. Ils décident et ils agissent seuls. La Chine n'a qu'à bien se tenir ; Taïwan peut respirer.
Dans ces conditions, pas étonnant que le S&P500 soit de nouveau au sommet (+5.00% en YTD) ainsi que le Nasdaq 100 (+7.24%). Tandis que le pétrole est en baisse sur l'année (Brent -10.75%, WTI +8.82%) mais en hausse sur le mois (WTI +4.76% et Brent +3.99%). Pour ceux qui, à Pâques, lisaient les gros titres sur le prix du cacao, en fait il était déjà en baisse sur l'année et maintenant il affiche -23.59%, deuxième plus mauvaise performance après l'Ethereum (-27.46% en YTD).
Sur le front des taux d'intérêt, il ne se passe pas grand-chose.
Mention spéciale pour Nike (+18.90% en MTD et -1.73% en YTD), enfin ils semblent récolter les fruits de leurs efforts. Le corps prend une telle place dans nos sociétés qu'il est difficile de concevoir que le leader mondial n’en bénéficie pas. Cela étant, Lululemon est la plus forte baisse du mois (-25.78% et -37.85% en YTD)… Autre mention spéciale pour Xiaomi (+65.38% en YTD), sorte de croisement entre Samsung, Tesla et Apple. Dans le luxe, LVMH passe derrière Kering en YTD (-26.56% contre -18.15%). Nous avons eu une conversation intéressante sur le thème "le luxe est-il mort ?", une question que nous allons nous poser dans les prochains mois (stay tuned).
Quelques chiffres
Selon le Women, Peace & Security Index, l’Iran pointe à la 140ᵉ place sur 177 pour les droits des femmes
Le nombre de Français tatoués a doublé en 15 ans, celui des tatoueurs a plus que décuplé, provoquant une guerre des prix alimentée. Près d’un Français sur cinq est tatoué ; chez les 18-35 ans, cette proportion grimpe entre 30% et 40%. Le marché français du tatouage est estimé entre 200 et 300 millions d’euros par an.
27% de l’ensemble des élèves d’Harvard sont étrangers pour la promotion 2024-2025.
Editorial
Iran : mémoire d’un empire, tragédie d’une nation
« Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître »… Celui d’un Iran qui rêvait de grandeur, où les femmes fréquentaient les universités en minijupes, où Téhéran vibrait au rythme de festivals de cinéma d’avant-garde.
Et si l’on oubliait un instant les frappes chirurgicales, les répliques mesurées et les trêves diplomatiques pour se souvenir que l’Iran est d’abord l’héritier d’une civilisation aussi ancienne que Babylone, aussi raffinée que Rome.
La Perse de Cyrus le Grand, c’était un empire allant de l’Indus à la Méditerranée, pionnier en administration, en culture, en droit. Le mot « paradis » vient de pairidaēza, ces jardins clos où l’on déclame encore les vers d’Hafez. Les dynasties passent, les empires tombent, mais l’identité perdure. Même l’islam, en arrivant, s’est adapté à cette singularité. Au XVIe siècle, la Perse devient chiite, mais à sa manière : mystique, indocile, à contre-courant du monde sunnite.
Aujourd’hui, 90 millions d’habitants, une jeunesse brillante mais bridée, une richesse énergétique colossale et un PIB par habitant au niveau de l’Algérie. L’Iran a les moyens de jouer dans la cour des grands, mais il s’enlise entre sanctions, clientélisme clérical et isolement. Vu de l’extérieur : une menace. Vécu de l’intérieur : une impasse.
Et Israël dans tout ça ?
Impossible de parler de l’Iran sans évoquer Israël. L’un construit son identité sur un retour, l’autre sur une révolution. L’un est la cible d’une haine proclamée, l’autre vit dans le rejet de cette menace. Pourtant, la mémoire est longue. L’État d’Israël n’est pas né en 1948, mais de deux millénaires d’exil, de pogroms et de massacres. La Déclaration Balfour (1917) fut le début d’un espoir : celui d’un foyer national juif. Mais ce retour s’est inscrit dans une terre déjà habitée, entraînant une coexistence tragiquement conflictuelle entre deux peuples, tous deux pris au piège de l’Histoire.
Victimes des accords coloniaux, des promesses trahies, et souvent embrigadés dès le berceau dans une lutte sans fin. À Gaza ou dans les camps du Liban, combien de jeunes n’ont jamais vu une bibliothèque mais connaissent par cœur le nom des missiles ? Le drame, ici, c’est que chacun souffre, incapable de reculer.
Et s’il avait raison ?
Trump avait lancé une idée folle : vider Gaza, reloger ses habitants en Jordanie, et transformer la côte en Dubaï méditerranéenne. D’un claquement de doigts, passer du chaos à la skyline. Brutal ? Sans doute. Visionnaire ? Peut-être.
La Jordanie, royaume hachémite au cœur fragile, compte déjà une majorité de Palestiniens. Et si l’on remonte aux années 1920, elle faisait partie du projet initial du « foyer national juif », avant que Londres ne redessine les cartes. Tout cela nous ramène à Lawrence d’Arabie, à Acaba, aux promesses jamais tenues. Le Moyen-Orient moderne est né d’accords flous, de frontières imposées, de peuples fractionnés.
Alors oui, la méthode Trump a choqué. Mais dans le fond, il posait la vraie question : combien de temps encore peut-on entretenir un statu quo intenable, où tout le monde perd, mais où personne n’a le courage de tout remettre à plat ?
De l’utopie impériale à la République islamique
En 1979, le Shah tombe. Roi autoritaire, obsédé par la grandeur, mais sourd à son peuple. Il modernise à marche forcée, méprise la religion, écrase l’opposition. Même les Américains le lâchent.
Le 1er février, un vieil homme en noir descend d’un avion à Téhéran. Khomeiny. En dix jours, l’Iran bascule. La monarchie millénaire s’efface. Place à la République islamique.
Depuis ? Une dictature des mollahs qui, à l’instar des talibans afghans, travestit la religion pour se maintenir au pouvoir et maintenir le peuple dans l’asservissement. Confisquant la modernité à une jeunesse brillante et avide de changement. Pendant ce temps, la Chine, si éloignée idéologiquement, doit sourire à chaque tanker iranien reçu à prix cassé.
Notre opinion:
L’Iran rêve d’embraser le Moyen-Orient, mais ses relais en “H” – Hamas, Hezbollah, Houthis – ont perdu de leur superbe. Le régime vacille depuis des années, mais aucune alternative crédible n’émerge. Et pendant ce temps, les Iraniens males ne trouvent pas la force de se lever pour défendre leurs filles, leurs sœurs, leurs épouses, condamnées à une condition digne du Moyen Âge.
Dans ce brouillard idéologique, économique, et social, une seule boussole reste lisible pour les marchés : le prix du pétrole. Tant que le détroit d’Ormuz reste ouvert, tant que les tankers passent, le reste devient secondaire. Triste conclusion pour un pays qui aurait tant à offrir, et qui ne cesse de se perdre.
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Investissements
L’or noir n’est pas mort
Pourquoi le pétrole reste (encore) au cœur de nos économies et de nos stratégies patrimoniales
Chaque jour, le monde consomme 100 millions de barils de pétrole. Cela représente environ 5’000 piscines olympiques remplies quotidiennement. Ce chiffre, vertigineux, témoigne d’une réalité simple : malgré la transition énergétique, nous sommes encore massivement dépendants du pétrole.
Alors que les conflits au Moyen-Orient menacent les routes maritimes, que les sanctions échouent à endiguer certaines exportations, et que les majors pétrolières investissent dans les renouvelables, une question demeure : faut-il encore miser sur l’or noir ? La réponse n’est pas binaire.
Le pétrole, encore et toujours roi
Il suffit de regarder autour de soi : plastique, engrais, textile, transport maritime, aviation. Le pétrole n’est pas qu’un carburant ; c’est un socle invisible de notre mode de vie. Les alternatives existent, mais à l’échelle industrielle, elles peinent à remplacer l’existant.
Malgré les discours sur la "fin du pétrole", la demande mondiale reste stable, voire en légère hausse, notamment dans les économies émergentes. L’Agence internationale de l’énergie prévoit un pic de la demande avant 2030, mais il ne sera pas brutal ; la décrue sera lente, étalée sur plusieurs décennies.
Russie, Iran : la flotte fantôme
Face aux sanctions, la Russie et l’Iran ont mis en place une stratégie opaque mais efficace : la ghost fleet. Ces navires, souvent âgés, naviguent sans assurance, sans transpondeur, changent de pavillon, croisent entre Oman, l’Inde, la Chine… transportant discrètement leur brut vers des marchés moins regardants. On en compterait aujourd’hui plus de 1’400 pour la Russie, une centaine pour l’Iran. Une zone grise qui nourrit le marché et brouille les cartes.
Shale gas : la revanche de l’Amérique
Dans les années 2000, on parlait de “peak oil”; le moment où la production mondiale commencerait à décliner inexorablement. C’était avant la révolution du shale gas et du pétrole de schiste américain. Grâce à des techniques comme la fracturation hydraulique (fracking), les États-Unis sont devenus le premier producteur mondial, réécrivant la carte de l’énergie en moins d’une décennie (“drill, baby, drill”).
Mais cette production est coûteuse, instable, vulnérable aux prix. Les gisements s’épuisent plus vite. Depuis 2023, les investissements ralentissent, et les États producteurs cherchent un nouveau souffle.
Investir : entre rendements et risques
Le pétrole reste une classe d’actifs stratégique. Pour un portefeuille diversifié, s’exposer au secteur peut encore générer du rendement, notamment via des majors comme Exxon, Chevron, TotalEnergies ou Saudi Aramco, qui versent des dividendes élevés et restent peu corrélées aux techs.
Mais attention : c’est aussi un secteur hautement géopolitique, sujet à des chocs exogènes. Une fermeture du détroit d’Ormuz, une annonce surprise de l’OPEP+, une explosion d’un tanker fantôme peuvent faire basculer les cours en une nuit.
Notre opinion
Le pétrole n’est plus l’avenir, mais il est encore le présent. Sa disparition ne se décrétera pas : elle se négociera, se construira, transitionnera. D’ici là, comprendre ses dynamiques; techniques (inflation), diplomatiques, stratégiques, reste essentiel pour l’investisseur avisé. Car tant que le monde remplit 5’000 piscines olympiques d’or noir chaque jour, il vaut mieux garder un œil sur le bassin.
J’adore parler de rien, c’est le seul domaine oú j’ai de vagues connaissances
Oscar Wilde
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