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B-R & H Finance ● Les 4 saisons
Fin-avril 2025
La nature a horreur du vide, et les marchés aussi. À mesure que les anciens équilibres mondiaux s’effritent, de nouveaux flux, de nouvelles alliances et de nouvelles opportunités émergent. Le vide n’est pas une menace, c’est un terrain à conquérir pour ceux qui savent s’adapter.
Revue de marché
Il fait chaud… (et pas “on a eu chaud”)
Après quelques semaines de tensions extrêmes, l’administration américaine a repris la main. L'escalade tarifaire, qui avait brièvement fait tanguer Wall Street et mis le marché obligataire au bord de la crise de nerfs, semble pour l’instant contenue. L’intervention coordonnée du secrétaire au Trésor et de la Fed a permis de calmer les esprits, restaurant un semblant d’ordre dans des marchés chahutés.
La Maison Blanche a également envoyé un signal fort en cessant ses attaques contre la Fed. Jerome Powell, de son côté, n’a pas fait dans la langue de bois : il a clairement nommé les risques liés à la hausse des droits de douane, évoquant à la fois une pression sur l'inflation et un frein à l’activité. Son franc-parler semble avoir été entendu. Scott Bessent, conseiller de Trump, a confirmé que la place de Powell à la tête de la Fed n’était pas remise en question et que des discussions étaient en cours pour tenter de normaliser la situation. Le message est passé.
Cette normalisation du ton a suffi à réanimer l'appétit pour le risque. Les investisseurs, pariant que le pire de la guerre commerciale est désormais derrière nous, ont retrouvé un certain optimisme. Ce regain de confiance s'est reflété dans la progression des grands indices mondiaux, même si beaucoup savent que les dégâts sous-jacents sur les chaînes d'approvisionnement sont loin d’être réglés.
Performance des grands indices :
Tous les indices Européens sont dans le vert en YTD (IBEX 35 +15.28%, Dax +12.64%, FTSE MIB +10.79%, SMI +4.02%, FTSE +3.55%, CAC40 +2.37%)
Les indices Américains finissent le mois mieux que nous ne pouvions le craindre (S&P500 -1.12%, Nasdaq +1.1%) mais sont toujours dans le rouge en YTD (voir LinkedIn post)
Le Africa Titans s’adjuge une performe en YTD de +14.95% tandis que le MSCI World est toujours dans le rouge à -2.14%.
À noter également :
L'or continue de surfer sur l'incertitude, enchaînant les records autour de 3'313 Usd l’once (+26% en Ytd).
Tous les taux long gouvernementaux sont à la baisse, y compris et de manière surprenante les taux US (10y Tresories; 4.18%).
Par contre ce qui plombe l’ambiance pour les investisseurs Européens et Suisses est la faiblesse du USD qui perd 10% en Ytd contre l’Euro et 8.84% contre le CHF). Les pertes sur les indices Américains s’en trouvent démultipliées (voir article dans la section Patrimoine).
Sur le CAC40, Hermès a profité de la déconvenue de LVMH, passant en tête des capitalisations françaises malgré un contexte sectoriel agité.
Novo Nordisk après une performance plus que décevante en Ytd (-33.57%) vient de conclure un accord avec Him & Hers pour distribuer le Wegozi sous licence (voir Reuters)
Quelques chiffres
72% des entreprises familiales françaises réalisent plus de la moitié de leurs ventes dans leur région d'origine, contre 51% pour les entreprises non familiales.
Environ 70% des pays du monde avaient en 2023 la Chine comme premier partenaire commercial.
35 minutes seulement sont consacrées à socialiser chaque jour aux États-Unis, contre près de trois heures passées devant la télévision, malgré un temps libre quotidien resté stable à environ cinq heures depuis vingt ans.
Editorial
La nature a horreur du vide
Depuis l’Antiquité, les penseurs se sont penchés sur ce mystère : existe-t-il un véritable vide dans la nature ? Aristote l’affirmait impossible, convaincu que tout espace laissé libre serait immédiatement comblé par la matière environnante. Ce concept, connu sous le nom de horror vacui, a traversé les siècles, influençant aussi bien la physique que notre manière d'appréhender le monde. Ce n’est qu’au XVIIe siècle, à force d’expériences audacieuses avec des colonnes de mercure, que Blaise Pascal démontra que oui, un vide pouvait exister ; mais qu’il restait instable, fragile, prompt à être envahi à la première occasion.
Aujourd’hui, la dynamique est étrangement similaire dans les affaires du monde. Le mal est fait : les grandes cartes du commerce international sont durablement rebattues. Trois années de guerre en Ukraine ont redessiné les échanges, tandis que l’élection de Donald Trump, et ses cent premiers jours de mandat, ont accéléré le bouleversement. Trump a rallumé la guerre des tarifs, imposant des droits de douane punitifs de plus de 100% sur certains produits chinois. Pourtant, Pékin ne plie pas ; depuis Trump 1, elle diversifie ses routes commerciales vers l’Asie et l’Europe, s’éloignant peu à peu de sa dépendance historique au marché américain. En 2005, les exportations chinoises vers les États-Unis représentaient 11% du PIB chinois ; en 2024, elles ne pèsent plus que 3%, un effondrement qui traduit une recomposition profonde des interdépendances mondiales.
L’Europe, elle, se trouve écartelée. Naguère courtisée par Washington, aujourd’hui délaissée, elle navigue dans un climat de méfiance et d’opportunisme. Ce jeu d’amour-haine provoque une remise en question profonde des alliances traditionnelles. À mesure que les anciens équilibres vacillent, des vides apparaissent, mais jamais bien longtemps. La Chine en profite : en 2025, elle construit plus de navires commerciaux que l’ensemble du reste du monde combiné. Alors que les États-Unis, naguère géant industriel, ne construisent plus qu’à peine cinq navires commerciaux par an, la Chine devient incontournable dans le commerce maritime mondial (voir discours de JD Vance, mars 2025). La Chine ne plie pas, mais des signes apparaissent, ce week-end elle annoncait la suppression de certains droits de douane, notamment sur les microprocesseurs, qu’elle importe à raison de Usd 385Mia p.a., principalement des Etats Unis et sur l’éthane, un gaz essentiel à la production de plastique (50% proviennent des US). L’histoire est en train de se réécrire, et ceux qui sauront comprendre les nouveaux flux, au lieu de regretter l’ancien ordre, en tireront les meilleures opportunités.
L’histoire nous enseigne que chaque vide est une invitation : une invitation à se réorganiser, à s'adapter, à conquérir. Napoléon l’avait appris à ses dépens avec le blocus continental : en cherchant à étouffer l’économie britannique, il ouvrit malgré lui la voie à de nouveaux marchés pour l’Angleterre et précipita son propre déclin. Aujourd'hui, la Russie, frappée par les sanctions, a su pivoter vers le sud, s’ancrant plus profondément aux BRICS et aux marchés émergents. L’émergence de corridors commerciaux alternatifs, la légalisation des importations parallèles et la renaissance d’accords bilatéraux inattendus en sont les fruits.
Les chercheurs modernes étudiant la dynamique du vide, que ce soit dans les fluides, dans la biologie ou dans les systèmes sociaux, confirment que le vide est fondamentalement instable. Il génère des forces d’attraction, des mécanismes d'auto-remplissage. Dans les forêts, un arbre tombé attire une explosion de vie ; dans les marchés, un secteur déserté voit naître de nouvelles entreprises avides de prendre place.
C’est précisément là que réside notre opportunité : dans ce mouvement perpétuel de création après le chaos. Si les marchés financiers semblent aujourd'hui désorientés par la volatilité des taux américains et la remise en cause du rôle du dollar, il ne faut pas y voir un effondrement, mais un déplacement. De nouvelles routes, de nouvelles monnaies, de nouvelles alliances sont déjà en gestation. L’espace laissé libre n’attend qu’à être conquis par ceux qui savent danser sous la pluie, comme le suggérait Sénèque : "La vie ce n’est pas attendre que l’orage passe, c’est apprendre à danser sous la pluie".
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Investissements
Nécessité fait loi
Quand les routes traditionnelles se ferment, d'autres chemins surgissent. Aujourd'hui, la dynamique du commerce mondial obéit plus que jamais à ce vieil adage : "nécessité fait loi" (Montesquieu). L’embargo sur la Russie a ouvert des routes parallèles via la Turquie et les Émirats ; Les iPhones, par exemple, continuent d'arriver en Russie, simplement via Dubaï ou Istanbul. Et quand le produit manque, le consommateur s’adapte : Huawei, Samsung, Xiaomi gagnent du terrain là où Apple ralentit. Ce phénomène ne s'arrête pas aux smartphones. La fidélité aux marques américaines s'effrite un peu partout. Nike ? Remplacée dans certains marchés par On, la marque suisse qui ne cesse de croître. Tesla ? Délogée progressivement par BYD, champion chinois de la voiture électrique. Même Starbucks doit faire face à une résurgence de cafés locaux ou régionaux. Pourtant, tout n’est pas si facilement remplaçable : Microsoft ou Google, avec leur position quasi monopolistique dans le cloud et les logiciels, restent des piliers pour lesquels les alternatives sont encore limitées.
Un investisseur qui voudrait de désengager des titres US aurait Alibaba au lieu d’Amazon dans son portefeuille. Saudi Aramco ou Total au lieu d’Exxon Mobil. Roche au lieu de Pfizer. Airbus au lieu de Boeing. HSBC au lieu de JP Morgan. Nestlé au lieu de Pepsico. Vodafone au lieu de AT&T. Komatsu au lieu de Caterpillar. Allianz au lieu de MetLife. Tencent au lieu de Walt Disney et ainsi de suite. Chez B-R & H Finance, nous ne recommandons pas cette stratégie mais nous soulignons juste que des alternatives existent. Elles ont l’avantage de ne pas être en Usd.
Pour l’instant, les zinzins (fonds institutionnels) n’ont participé au bain de sang qu’à travers les ETFs, qui représentent désormais une part significative du marché. Fonds de pension, compagnies d’assurance et autres grands investisseurs institutionnels prennent leur temps : leurs grilles d’investissement évoluent lentement, car ils raisonnent sur le long terme. Ce sont leurs décisions concernant le marché américain, les bons du Trésor et le dollar qui fixeront la véritable tendance jusqu’à la fin de l’année.
Aujourd'hui, ce sont encore les traders qui dictent le tempo ; demain, ce seront les investisseurs de long terme qui imprimeront la direction. Beaucoup préfèrent attendre que "the dust settles" avant d’intervenir. Nombre d’entre eux raisonnent en dollars ; pour eux, la correction actuelle n’est pas forcément un problème mais plutôt une opportunité d’entrée.
Chez B-R & H Finance, nous avons découvert l’Ethane avec l’annonce Chinoise (voir plus haut). Ce gaz, largement ignoré du grand public jusqu'ici, est crucial dans la fabrication de plastiques modernes. En 2024, les États-Unis dominent la production mondiale, avec 2.8 à 3.0 millions de barils par jour, extraits principalement des bassins du Permian (Texas, Nouveau-Mexique) et des Appalaches (Pennsylvanie, Virginie-Occidentale). Texas et Nouveau-Mexique à eux seuls comptaient pour 63% de la production nationale. American Ethane Company est le premier producteur et le premier exportateur en direction de la Chine. ExxonMobil est juste derrière.
Mais attention au grain de sable : alors que la Chine reste un énorme client (absorbant 50% des exportations américaines d’éthane), les tensions politiques pourraient encourager Pékin à chercher d'autres fournisseurs. Le Canada, deuxième producteur occidental d'éthane, pourrait tirer son épingle du jeu dans une sorte de “retour à l’envoyeur”. Nous n’avons pas trouvé de compagnies listées d’envergure…

Patrimoine
La double peine
Le dollar s'est effondré face au CHF, à l'EUR et même à la STG ces dernières semaines. Trump jubile ; mais l’actionnaire dont la monnaie de référence est le franc suisse, l’euro ou la livre sterling, lui, encaisse une double peine. Voire une triple peine : non seulement la performance en dollars s’effrite une fois convertie, mais en plus, le marché américain continue de dicter sa loi aux places financières mondiales, entraînant dans sa chute les marchés européens et asiatiques, chacun à son rythme.
Le dollar reste l’axe gravitationnel des marchés mondiaux. Environ 60% des réserves de change mondiales sont libellées en USD. Plus de 50% du commerce mondial se règle en dollars. Le poids des actifs américains — actions, obligations, matières premières — impose une exposition indirecte au dollar dans quasiment tous les portefeuilles. Pour un investisseur en EUR, CHF ou STG, cela crée plusieurs effets majeurs:
Effet de distorsion sur les performances : Une hausse ou une baisse du dollar peut amplifier ou réduire la performance réelle du portefeuille, indépendamment de la performance intrinsèque des actifs.
Asymétrie dans le risque perçu : Ce qui semble stable ou performant en dollars peut ne pas l’être en devise locale, et inversement.
Inflation importée ou neutralisée : Le coût de la vie, notamment à travers l’énergie, les matières premières ou certains biens de consommation, est directement lié au dollar.
Que faire en pratique ?
Toujours raisonner en "future devise de vie" : L’euro pour un retraité en France, le franc suisse pour un retraité en Suisse, la livre sterling pour un résident britannique. Les benchmarks de performance doivent être alignés sur cette devise, pas sur le dollar.
Diversifier avec discernement : Rechercher une vraie diversification géographique et sectorielle, en évitant une simple réplique des indices mondiaux surpondérés en États-Unis.
Surveiller activement l’effet devise : Ne pas se fier uniquement aux performances brutes mais bien analyser les rendements ajustés en devise de référence.
Notre conclusion
Nos clients n’ont pas le luxe d’ignorer la question de la devise. Le dollar est une composante incontournable des marchés, mais leur réalité patrimoniale reste locale. Le vrai défi n’est pas de "jouer" le dollar, mais d’intégrer son influence tout en bâtissant une stratégie robuste et alignée avec leur vie future.
La devise de référence n’est pas une case à cocher, c’est un ancrage stratégique.
Eviter de payer des impôts est la seule recherche intellectuelle gratifiante
John Maynard Keynes
A propos de B-R & H Finance
Fondée en 2004, B-R & H Finance SA est une entité suisse spécialisée dans la gestion de patrimoines. Nous avons une gamme complète de services et de conseils en investissements, personnalisés et indépendants. Sous la réglementation de SO-Fit et avec l'agrément de la FINMA, nous sommes également membres de l'ASG (Association Suisse des Gérants de Patrimoine Indépendants) et travaillons avec des banques dépositaires de premier plan.
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