B-R & H Finance ● Les 4 saisons

Mi-octobre 2025

ChatGPT

Les progrès de l’IA nous poussent à miser sur les soft skills : le relationnel, le réseau, la capacité à créer du lien. Mais qu’en est-il quand vous ne reconnaissez pas votre interlocuteur ? Quand chaque interaction devient un effort pour raccrocher un visage à un lieu, une conversation, une situation ? L’IA ne fera qu’une bouchée de l’introverti, du réservé, du timide.

Revue de marché

B-R & H Finance - Niveaux indicatifs - 13.10.2025 16h CET

B-R & H Finance - Niveaux indicatifs - 13.10.2025 16h CET

Pendu à ses lèvres

Latest news: LVMH en hausse de 12.5% à EUR 600!!!

La Bourse avance au rythme d’un dialogue heurté entre Washington et Pékin : un vendredi de frayeur, puis un sursaut dès que les mots se radoucissent. Le président Trump impose sa grammaire aux marchés : il fait et défait le consensus en une phrase tandis que son gendre est la cheville ouvrière du plus gros deal de l’année (EA - USD 55Mia). Malgré la gabegie politique en France, le CAC40 resiste mieux que bien (+0.50% en Mtd), mais l’écart OAT–Bund grimpe à un sommet depuis janvier et les banques françaises sont, un peu, sous pression.

Japon : la Bourse flambe, portée par la perspective d’une première Première ministre et une lecture « plus souple » du mix politique-BoJ. Le Nikkei 225 mène le mois (+7,11% MTD). Mais l’histoire n’est pas encore écrite : si la coalition trébuche, tout le chemin sera à refaire..

Deux sociétés américaines signent la meilleure performance Mtd. Elles sont dans l’extraction de métaux critiques / terres rares : Energy Fuels (+52% en Mtd et +337% en Ytd) et MP Materials (+35% en Mtd et +429% en Ytd). Les investisseurs comprennent l’enjeu stratégique qu’elles représentent pour l’indépendance énergétique des Etats-Unis.

Ferrari signe la plus forte baisse MTD (-22%); Alibaba rend une petite part de son rallye du mois dernier (-11.4%).

Samsung signe son meilleur T3 en trois ans et le Kospi s’arroge +4.5% dans la foulée. Le SMI reprend du poil de la bête avec un solide +4% en Mtd dopé par Lindt & Spruengli (+7.6%). Les investisseurs auront pris du temps pour réaliser que le prix du Cocoa avait baissé de 50% en Ytd.

L’or franchit le seuil des Usd 4'000 l’once (8 oct.) puis nouveau record (13 oct.) quelques jours plus tard. L’argent se traite au-delà des USD 51. La Bank of America fixe un objectif à Usd 5'000 en 2026 pour l’or tandis que Goldman Sachs rappelle que l’argent, privé d’acheteurs étatiques, reste un métal de traders. Le Brent retombe vers sa fourchette basse (USD 63–66) après la trêve à Gaza. Il est très rare, de mémoire d’investisseur, d’avoir l’or qui monte tandis que le pétrole baisse.

Quelques chiffres

  • En Europe, 96% des sociétés réalisant plus de Usd 100 millions de chiffre d’affaires ne sont pas cotées ; aux États-Unis, la proportion atteint 81%.

  • Aujourd’hui, 43% des Français dînent seuls chez eux, contre 29% il y a vingt ans ; et ils ne sont plus que 57% à dire que leur alimentation leur procure du plaisir, soit −16 points en neuf ans, selon l’Observatoire Société & Consommation.

  • Aux États-Unis, moins de 4 enfants sur 10 nés dans les 20% de ménages les plus riches y restent à l’âge adulte. Cette descente sociale chez les privilégiés alimente une partie de l’activisme progressiste

Editorial

Triste nouvelle

Jane Goodall nous a quittés le 1er octobre 2025, à 91 ans. Elle aura passé sa vie à prêter l’oreille aux chimpanzés. Les hommages rappellent l’essentiel : Gombe, la découverte d’outils chez les chimpanzés, puis une vie de plaidoyer. Elle nous laisse une manière de voir : considérer chaque chimpanzé, et chaque humain, comme un individu, et laisser l’éthique naître de cette attention.

Goodall vivait pourtant avec un handicap invisible dont on parle peu : la prosopagnosie (facial blindness). Elle ne reconnaissait pas les gens, ou si mal, qu’elle faisait souvent semblant de les connaître pour ne pas blesser. Je connais trop bien cet état… J’en souffre aussi. Pour celles et ceux touchés, la scène est familière : dans une salle pleine, 40% des visages se précisent, 60% restent flous. Ce n’est ni indifférence ni snobisme ; c’est l’effort constant de relier un prénom à une silhouette. Ce trouble n’est pas si rare : les revues médicales parlent d’une prévalence dans la population de 2% à 3%. Handicap léger pour certains, très invalidant pour d’autres. Et ça ne se voit pas.

Pourquoi en parler ici, dans une newsletter de finance ? Parce qu’à mesure que l’IA progresse, notre “alpha” humain se joue ailleurs : dans le lien social, le tact, l’intuition. Goodall, malgré sa prosopagnosie, a bâti une œuvre… précisément fondée sur l’observation fine des autres. J’y vois une leçon : nos fragilités ne nous disqualifient pas ; elles orientent nos avantages compétitifs.

Par ailleurs, demain des lunettes connectées type Meta x EssilorLuxottica x Rayban reconnaîtront la personne en face de nous et souffleront discrètement «c’est Anne, rencontrée à Genève en 2022». Comme le GPS a donné le sens de l’orientation à ceux qui n’en avaient pas, ces lunettes offriront un super trombinoscope aux gens comme moi.

Comparer les intelligences… sans se tromper d’outil

Jusqu’à récemment, les tests de QI, c’était l’affaire des humains. Pendant longtemps, les tests de QI servaient à se situer “par rapport à la moyenne” et… aux autres. Nous étions les plus intelligents de la pièce, donc légitimes à décider. Pour se rassurer, on a testé les chimpanzés : QI 20–40. Parfait, la “marche” restait nette. Et l’on reliait ça à ces 2–4% d’écart génomique ; le “chainon manquant” semblait trouvé.

Nouveauté de notre époque : on applique désormais des tests de style IQ à des modèles d’IA, les résultats sont éloquents (octobre 2025) : GPT-5 Pro 137/143 ; GPT-5 116/128 ; Grok-4 135/123 ; Claude-4.1 Opus 125/118 ; Gemini 2.5 Pro 118/116. C’est parlant pour le grand public, imparfait scientifiquement, mais révélateur d’une trajectoire : les machines progressent vite.

Côté humain, les bases ne bougent pas : QI 100 est une moyenne renormée régulièrement, typiquement tous les 10–20 ans. Le XXe siècle a vu une hausse marquée dans les pays développés (effet Flynn, ≈3 points par décennie), puis un palier, parfois un reflux depuis les années 1990–2000 dans certains pays. Une chose semble se dessiner ; à mesure que l’IA devient plus intelligente, nous semblons devenir plus bêtes. Mais, ce n’est pas une fatalité biologique.

La conclusion pour nous, investisseurs : si la “puissance de calcul” se standardise, l’avantage se déplace vers les soft skills : l’écoute, son réseau, le deal making, sa capacité à trancher dans l’incertitude. Le style contrariant, c’est acheter ce que tout le monde fuit et vendre ce que tout le monde adore, tenir quand c’est inconfortable ; une IA, formée au consensus et au court terme, n’assume pas (encore) ça. Tant que l’IA émotionnelle ne tient pas ses promesses, c’est là que se joue la différence.

NB : Les handicaps invisibles existent au bureau comme en société. Si je ne vous reconnais pas à la prochaine AG, rappelez-moi simplement votre prénom. Ce n’est pas vous, c’est ma prosopagnosie.

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Patrimoine

Immobilier 2025

Chaque automne, l’UBS Global Real Estate Bubble Index nous sert de baromètre. Il ne prédit ni la date ni l’ampleur d’une correction ; il mesure l’écart entre prix, loyers et revenus. Cette année : Zurich et Genève sont classées en risque élevé, Dubaï aussi, tandis que Londres, Paris et Milan restent en risque faible. Traduction : plus on grimpe dans l’échelle du risque, plus on parie sur la hausse future des prix plutôt que sur le rendement locatif.

À Zurich, les prix ont encore progressé de 5.0% sur un an, quand les loyers n’ont avancé “que” de 2.9%. Surtout, record mondial : il faut 43 années de loyers pour “rembourser” un 60 m². Les valeurs y sont 60% plus hautes qu’il y a dix ans ; elles ont monté deux fois plus vite que les loyers et cinq fois plus vite que les revenus. C’est beau, mais cela laisse peu de coussin pour l’investisseur ; le cash-flow est mince, l’horizon doit être long.  Genève joue la même partition en un peu moins extrême. Sur un an, prix +4.1%, loyers +2.4%.

Dubaï est le contrepoint : prix +11.1% sur un an, loyers +4.7%, et seulement 15 années de loyers pour couvrir l’achat. Dit autrement, le rendement locatif y est meilleur, mais la ville grimpe dans la zone à risque élevé. Population en hausse rapide depuis 2020, offre qui repart, revenus qui ne suivent pas toujours.

Londres et Paris digèrent. En réel sur un an, Londres affiche prix −2.1% et loyers +2.7% ; le risque retombe en faible après des années d’exubérance. L’accessibilité ne s’améliore pas franchement, mais la pénurie de nouveaux projets maintient une pression haussière sur les loyers ; sans choc sur l’offre, il faudra du temps. Paris tutoie l’équilibre : prix +0.1%, loyers +0.9% en réel sur un an, risque faible. C’est moins une histoire de spéculation que de tri : normes, qualité, quartier, liquidité.

Milan, les résultats de l’étude sont contre-intuitifs avec l’afflux de nouveaux arrivants en provenance de Londres ou Bruxelles : risque faible, prix −2.7%, loyers −0.5%, et un multiple prix/loyers autour de 27 années. Moins spectaculaire que Zurich ou Dubaï, plus raisonnable pour une poche Eur qui cherche des points d’entrée sans renoncer à la qualité urbaine.

Dernier repère utile : acheter 60 m² près du centre reste hors budget pour un salarié qualifié dans la plupart des grandes villes ; Hong Kong demande environ 14 années de revenu moyen, Paris occupe la deuxième place sur le podium avec 13 années et Londres ferme la marche à plus de 10.

En synthèse, la “prime Suisse” se paie cher ; Londres/Paris sont réservé à une clientèle étrangère ; Milan coche la case “raisonnable”, Madrid semble être le deal du moment.

Les prix racontent une histoire ; ce sont les loyers qui la financent.

Ce que vous faites a un impact ; à vous de décider quel impact vous voulez avoir.

Jane Goodall

A propos de B-R & H Finance

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