B-R & H Finance ● Les 4 saisons

Septembre 2025

Dall-E

Ce mois-ci dans Les 4 Saisons, on explore ce que la rentrée dit de nous, ou plutôt de notre conditionnement collectif à vivre en années scolaires. Du cartable au portefeuille, il n’y a qu’un pas… Côté marchés, on revient sur un mois d’août ensoleillé, un CAC40 englué et une Afrique triomphante. On observe aussi la spectaculaire remontée d’Ethereum, revenu des abysses pour devenir le chouchou de Wall Street.

Revue de marché

B-R & H Finance (as of 01/09/2025)

B-R & H Finance (as of 01/09/2025)

Août 2025 fut un bon cru

Rédigé le 1.09.2025

A ranger dans le camp des mois haussiers pour une majorité de marchés actions, même si le dernier vendredi du mois nous a offert un petit coup de blues.

Le S&P500 affiche un solide +9.8% depuis le 1er janvier ; pas mal pour un marché qui avait démarré l’année en claudiquant. En Europe, le Stoxx Europe 600 signe un honorable +8.3% YTD. Mais la palme revient au continent africain – souvent négligé – avec un impressionnant +43.02% depuis le début de l’année. Cela fait longtemps que nous le suivons, souvent à contre-courant, et cette fois-ci, il mène la danse.

Septembre, le mois des grandes manœuvres

Historiquement, septembre est un mois difficile : on réajuste, on sécurise, on encaisse. Le retour de vacances s’accompagne souvent d’un petit ménage de portefeuille. Et cette année ne semble pas faire exception. Les investisseurs s’interrogent : que posséder ? Pourquoi ? Et surtout : où ?

L’environnement reste chahuté. Taux d’intérêt qui restent élevés et fractures géopolitiques persistantes. Le calme apparent est parfois trompeur : le VIX (le baromètre de la peur) reste au plus bas depuis janvier, alors même que les valorisations, elles, grimpent. Les arbres montent-ils jusqu’au ciel ?

La France, grippée par sa politique et ses sacs à main

Depuis l’annonce de la dissolution surprise en juin 2024, le CAC40 traîne la patte. Le vote de confiance programmé pour le 8 spetembre rajoute de l’huile sur le feu. Les taux à 10 ans français ont pris 9 points de base pour atteindre 3.52% (plus haut depuis mars), tandis que le spread OAT/Bund s’est tendu à 75 points de base.

Les géants du luxe, autrefois locomotives du marché, sont à la peine. Kering remonte doucement la pente avec +3.8% YTD, pendant que LVMH reste englué en territoire négatif (-16.8%). Heureusement, nos banques tricolores et quelques valeurs de la défense ont sorti la baïonnette pour défendre l’indice.

Big Tech : Bulle ou pas bulle ?

La question revient comme un refrain : "La tech américaine est-elle dans une bulle ?". Rappelons-nous du pic de l’an 2000, lorsque les valorisations avaient perdu tout contact avec la gravité. Aujourd’hui, le S&P500 Tech se négocie à 29.7 fois les bénéfices futurs. C’est plus élevé que sa médiane historique (22x), mais encore loin des excès de la bulle dotcom.

Bref : c’est cher, mais pas délirant. Prudence, mais pas panique.

Ce qu’on a lu entre deux baignades

  • BYD a surpris avec une baisse de 30% de son bénéfice trimestriel. Un rappel utile : même les géants trébuchent dans une guerre des prix sans merci.

  • Volkswagen grimpe doucement mais sûrement (+6.4% en août, +14.0% YTD). Un vrai diesel, avec un profil de valorisation attractif.

  • Novo Nordisk et son Wegovy retrouve des couleurs. Le médicament contre l’obésité montre aussi des bienfaits cardiovasculaires supérieurs à ceux d’Eli Lilly.

  • Les États-Unis ont pris une participation de 9.9% dans Intel. Une étatisation partielle d’un fleuron technologique, qui laisse présager d’autres prises de participations à venir de l’administration Trump, candidate au deal-making industriel.

Notre opinion

Août fut généreux, mais septembre arrive avec son lot d’incertitudes et de réalignements. Nous continuons à favoriser une approche sélective, géographiquement diversifiée, avec un œil sur les valorisations… et l’autre sur les mouvements politiques, surtout en Europe.

Quelques chiffres

  • Du quotidien à l’exceptionnel : seuls 17% des Français boivent encore du vin chaque jour, contre plus de 50% en 1980.

  • La France est passée du tonneau au verre ballon : de 120 litres de vin par an et par adulte dans les années 60 à moins de 40 litres aujourd’hui.

  • Un professeur des écoles touche en moyenne Eur 2'680 nets, contre Eur 3'930 pour un agrégé ; ces montants incluent des primes et indemnités représentant en moyenne 18% du salaire brut dans le second degré et 12.6% pour les professeurs des écoles.

  • En vingt ans, la France est passée du 12e au 25e rang mondial en termes de PIB par habitant ; en 2024, elle s’est classée 25e sur 27 pays de l’Union européenne en matière de déficit public.

Editorial

Le temps retrouvé

Il y a des réflexes qui résistent aux années. Certains continuent à compter en francs ; d’autres n’ont jamais vraiment cessé de penser l’année en année scolaire. J’en fais probablement partie. Pas tout à fait volontairement. Il reste un fils à la maison, encore un an avant le bac, et une épouse qui, fort heureusement, a toujours anticipé la rentrée avant moi. N’empêche : quand arrive fin août, nous sentons quelque chose changer. Une cloche imaginaire qui sonne le retour à l’effort, à l’ambition, à une forme de gravité retrouvée après l’insouciance estivale.

Ce moule temporel hérité de l’école ne façonne pas seulement notre calendrier : il imprègne aussi notre manière d’évaluer nos réussites, de structurer nos projets, de digérer nos échecs. Le vocabulaire a changé, bien sûr, surtout dans la bouche des DRH lors des entretiens annuels, mais l’esprit reste le même. On reconnaît sans peine les échos d’un vieux bulletin : “Aurait pu mieux faire”, “manque d’attention”, “trimestre prometteur”.

Et ce conditionnement ne s’arrête pas avec le diplôme. J’observe que même les jeunes adultes, ceux qui viennent de faire leur entrée sur le marché du travail, continuent à raisonner en années scolaires. Pour les retraités, les indépendants, les entrepreneurs… l’année ne commence plus en septembre. Et ne se termine pas non plus en juin. On pourrait s’en affranchir. Mais bien souvent, on ne le fait pas. Le conditionnement est culturel, pas seulement logistique. 

Il faut dire que le monde professionnel lui-même entretient ce découpage. En septembre, les entreprises relancent les machines, annoncent des réorganisations, des plans stratégiques, des ambitions revues à la hausse, comme s’il fallait effacer la torpeur estivale à grand renfort de tableaux Excel. Ce qui n’a pas été décidé avant juillet doit désormais l’être avant qu’il ne soit trop tard. Car en réalité, l’année "calendaire" se termine bien avant le 31 décembre. Les projets ralentissent dès la mi-novembre.

Et pendant que les marchés continuent leur travail silencieux, les sphères politiques et médiatiques rejouent chaque année la "rentrée agitée". 2025 ne fait pas exception. En France, François Bayrou appelle à "choisir entre le chaos et la responsabilité". D’autres appellent déjà à "tout bloquer" le 10 septembre. Ce serait comique si ce n’était pas si triste, tous ces hommes et femmes politiques de tous bords, bien bronzés, reposés, qui parlent de rupture, de chaos, de combat, comme s’ils revenaient d’un champ de bataille plutôt que d’un transat.

Alors, pourquoi continuer à structurer nos vies selon un découpage qui ne reflète plus nos réalités ?

Et si nous pensions en saisons ? Des vraies. Pas celles du marketing. Des saisons qui respectent le rythme des choses, des idées, des innovations. Certains investissements mûrissent lentement, d'autres éclatent au printemps. Certains projets hibernent avant de renaître. Et d'autres, comme le vin, atteignent leur apogée bien après les vendanges.

La gestion de patrimoine n’est pas une course en ligne droite. C’est un jardin. On n'y plante pas tout au même moment. On y accepte l'imprévisible, on y respecte les cycles.

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Investissements

Ethereum : l’année du grand huit

Et l’année n’est pas terminée…
Ethereum n’est pas seulement une crypto-monnaie. C’est une blockchain, née en 2015, qui permet de déployer toute une économie décentralisée : DeFi (decentralized finance), NFT (non-fungible tokens) et tokenization d’actifs réels. Son jeton, l’Ether (ETH), sert de carburant au système. Chaque transaction sur la blockchain consomme du “gaz” payé en ETH. Depuis 2021, une partie du gaz est brûlée (burn) : ce qui réduit l’Ether en circulation (comme lorsque l’on fait rouler sa voiture, on brûle de l’essence).

Contrairement au Bitcoin, qui repose sur une rareté programmée (21 millions de coins, pas un de plus), Ethereum crée une rareté conditionnelle : plus le réseau est utilisé, plus l’offre nette d’ETH diminue. À cela s’ajoute le staking : les détenteurs qui verrouillent leurs ETH pour sécuriser le réseau reçoivent environ 3.5% de rendement annuel, mais réduisent d’autant le flottant disponible sur le marché.

2025 : du creux abyssal à l’ivresse des sommets

L’année avait commencé dans la douleur. Après avoir ouvert janvier autour de Usd 3'353, Ethereum a plongé, emporté par les doutes macroéconomiques et la concurrence des blockchains dites “Ethereum killers”. Début avril, on l’a vu passer brièvement sous Usd 1'400. Pour beaucoup, le cycle semblait cassé.

Puis le marché s’est retourné, avec une violence qu’on ne voit que dans la crypto. Porté par l’adoption institutionnelle et la clarté réglementaire nouvelle, ETH est remonté : Usd 3'800 fin juillet, Usd 4'670 mi-août, et un record historique intrajournalier à Usd 4'953 le 24 août. Soit une hausse de près de 200% depuis son point bas du printemps. Même après une correction vers Usd 4'500, le contraste reste saisissant : une blockchain au bord du gouffre en avril, devenue fin août le chouchou des flux institutionnels.

Les catalyseurs sont clairs :

  1. les ETF Ether aux États-Unis, qui ont attiré plus de Usd 4.2 milliards de capitaux nets en quelques mois, parfois plus que le Bitcoin ;

  2. le GENIUS Act, première loi fédérale sur les stablecoins, votée en juillet, qui a donné un label officiel aux stablecoins adossés au dollar et a légitimé l’usage de blockchains publiques comme Ethereum pour les paiements ;

  3. la mise à jour Pectra en mai, qui a simplifié l’expérience utilisateur (smart accounts, frais payés en tokens autres qu’ETH) et renforcé le rôle d’Ethereum dans la tokenization ;

  4. et enfin, la mécanique du burn, dopée par l’explosion des volumes sur les stablecoins (près de Usd 20 milliards transférés chaque jour en USDC rien que sur Ethereum), qui a rendu l’ETH partiellement déflationniste.

Et après ?

L’histoire n’est pas finie. Trois dynamiques vont dominer les prochains mois :

  1. Les flux institutionnels. Tant que les ETF continuent à drainer du capital neuf, ETH bénéficie d’un acheteur structurel. Mais ces flux sont volatils : l’arrêt brutal des entrées suffirait à faire basculer l’équilibre.

  2. Les upgrades techniques. Après Pectra, la prochaine étape, Fusaka (novembre 2025), doit améliorer la scalabilité et réduire les frais grâce à de nouvelles briques technologiques (Verkle Trees, danksharding). L’adoption réelle par les développeurs sera le test décisif.

  3. La place des stablecoins. Le GENIUS Act a légitimé leur usage. Aujourd’hui, plus de la moitié du marché mondial des stablecoins vit sur Ethereum. Cette dominance nourrit le burn, mais elle met aussi le réseau sous pression : congestion et risques de centralisation via quelques grands émetteurs.

Conclusion

Ethereum est devenu un actif hybride : à la fois infrastructure critique pour la finance numérique et actif spéculatif ultravolatile. En 2025, il a prouvé deux choses : qu’il pouvait plier sans rompre (le plongeon sous Usd 1'400), et qu’il pouvait séduire Wall Street en quelques semaines (les flux ETF).

Reste une réalité : le prix d’ETH dépend de trois métriques très simples ; l’usage réel du réseau, la vigueur du burn, et la profondeur des flux institutionnels. Pour un investisseur, c’est là qu’il faut regarder.

La blockchain fait une seule chose : elle remplace la confiance accordée à un tiers par une preuve mathématique de la validité d’un fait.

Adam Draper

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