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B-R & H Finance ● Les 4 saisons
Mi-septembre 2025

Dall-E
Pêle-mêle, dans cette édition : le décès de Rick Davies et son “Breakfast in America” de carton, l’iPhone 17 qui patine sur l’IA, Moscou qui nous nargue, le patron de Nestlé débarqué pour coucherie, un short squeeze à 244 milliards Usd, et ce péché capital dont les Français raffolent toujours : l’envie.
Revue de marché

B-R & H Finance - As of 15th September 2025 / 15pm CET

B-R & H Finance - As of 15th Septembre 2025 / 15pm CET
Le marché retient son souffle
Une fois n’est pas coutume, on parle plus des taux que des actions. La première quinzaine de septembre a été relativement calme, et tout le monde guette la Fed. Aujourd’hui, Jérôme Powell devrait baisser les taux de 25 pdb, ce qui ramènerait la fourchette de 4.25–4.50% à 4.00–4.25%. Dis autrement, Powell pourrait enfin desserrer l’étau...
France : Fitch tire la sonnette
Fitch a abaissé la note souveraine de la France de « AA- » à « A+ » (perspective stable). Le message est limpide : déficit élevé, dette qui grimpe, et marge de manœuvre limitée. Deux chiffres résument le diagnostic ; la France affiche le taux de prélèvements obligatoires le plus élevé d’Europe à 45.6% du PIB, et des dépenses sociales autour de 32% du PIB. Difficile d’imaginer un rééquilibrage express dans ce contexte. Sur le marché, le spread OAT/Bund 10 ans tourne juste sous 80 pdb ; aujourd’hui on est autour de 3,49% pour l’OAT et 2,70% pour le Bund. Fait intéressant, depuis le 1er janvier, les rendements français ont un peu moins monté que les allemands, +0.30% vs +0.33%, ce qui montre que le pricing spécifique France ne s’est pas emballé.
Un testament qui fait tousser la mode
Giorgio Armani, disparu le 4 septembre, n’a pas seulement laissé une empreinte stylistique ; il a aussi laissé des consignes très précises. Son testament demande à la fondation héritière de céder 15% de la maison dans les 12 à 18 mois, avec priorité à LVMH, L’Oréal ou EssilorLuxottica ; puis de porter la cession à 30–54,9% dans les 3 à 5 ans, voire d’opter pour une IPO.
Un short squeeze d’anthologie
On a assisté à une séance pour les livres d’histoire ; Oracle a pris +36% en une journée, sa meilleure performance depuis 1992, faisant bondir sa capitalisation d’environ Usd 244 milliards pour atteindre ~Usd 922 milliards. Pour donner un ordre d’idée ; c’est l’équivalent d’ajouter un L’Oréal ou un Novartis d’un coup.
À Vevey, le départ précipité de Laurent Freixe, rattrapé par une liaison au bureau, a propulsé Philipp Navratil sur le devant de la scène. À peine installé, voilà que Paul Bulcke, chairman depuis 2017, a lui aussi quitté le navire, laissant les investisseurs plus perplexes que jamais sur la gouvernance du géant de l’alimentaire. Certes, Pablo Isla (ex-Inditex) prendra la présidence dès octobre, mais le timing précipité laisse planer un parfum de crise.
Hier, triste jour pour le franc Suisse
Il continue de s’apprécier contre le USD et hier marque son plus haut historique… C’est la double peine après les tarifs douaniers…

Quelques chiffres
Selon la BCE, 52% des transactions en magasin dans la zone euro ont encore été réglées en espèces en 2024, contre 72% en 2019.
Les data centers aux US, souvent pointés du doigt pour leur consommation d’eau, n’utilisent en réalité qu’environ 6% de ce que consomment l’ensemble des golfs américains ; et par litre dépensé, ils génèrent des milliers de fois plus de valeur économique.
En Suisse, 60% des avoirs bancaires proviennent de clients étrangers, dont près de la moitié issus de l’Union européenne, confirmant le rôle du secteur bancaire comme véritable industrie d’exportation.
Editorial
Breakfast in America
On vient de perdre Rick Davies, l’âme groovy de Supertramp, emporté par un myélome multiple à 81 ans. Forcément, on réécoute “Breakfast in America” et on revoit la pochette : un hublot d’avion, une serveuse en Statue de la Liberté, et Manhattan bricolé avec des boîtes de céréales… jusqu’aux Twin Towers, réduites à deux piles de cartons empilées. Satire tendre de l’Amérique triomphante : skyline à couper le souffle mais matériaux fragiles. C’est exactement l’Europe de septembre 2025, vue depuis notre cockpit d’investisseur.
1979 toujours, le totem pop de l’année s’appelle « My Sharona » du groupe The Knack. Derrière ce titre, la muse de Doug Fieger, une très jeune femme dont l’obsession s’est transformée en refrain staccato, entre pulsion adolescente assumée et riff entêtant. L’héroïne de la chanson fera carrière… dans l’immobilier à Los Angeles. On est loin du « sex, drugs and rock’n roll ». Et pendant ce temps, en France, c’est « Je t’aime à mourir » de Francis Cabrel qui envahissait les ondes. Deux pays, deux ambiances.
La semaine dernière, l’OTAN a connu sa première vraie bataille anti-drones dans un ciel pourtant paisible, et en a tiré une leçon simple : il est ruineux d’envoyer des avions à 50'000'000 Eur contre des engins à 50'000 Usd. La défense européenne apprend à la hâte un nouveau solfège. Du cockpit de la pochette à nos cockpits réels, même question : nos instruments sont-ils adaptés au monde tel qu’il est, pas tel qu’on voudrait qu’il soit.
Apple vient de lancer l’iPhone 17 ; en 1979, Sony dévoilait le Walkman. Deux révolutions d’usage, chacune à sa manière. Mais en 2025, Apple n’est plus l’éclaireur : sur l’IA et les LLMs, Siri est à la traîne, dépassé par la concurrence. La morale ? Une marque peut rester culte, sans forcément être celle qui écrit le prochain chapitre technologique. Pour l’investisseur, la nuance est capitale.
Les échos historiques ne manquent pas. James Callaghan est tombé dans l’oubli, et Jimmy Carter aurait sans doute suivi le même chemin sans la poignée de main de Camp David. Leurs successeurs, eux, n’avaient rien d’anonymes : Margaret Thatcher et Ronald Reagan, version originale du “MAGA”, ont imprimé leur marque bien au-delà de leurs mandats, chacun à sa manière. Quarante-cinq ans plus tard, la question palestinienne nous hante toujours. La France est sur le point de reconnaître l’État de Palestine – mais pour quel bénéfice concret ? Là où Donald Trump transforme chaque dossier en “deal”, l’Europe se perd en politique. Différence fondamentale : l’un capitalise sur le geste, l’autre sur le processus ; et la carte du monde, elle, se redessine ailleurs, sans nous.
Entre cartons empilés et drones à bas coût, entre Walkman d’hier et iPhone d’aujourd’hui, il est facile de se laisser distraire par le décor ou la technologie. Mais investir, c’est un peu comme écouter un vieux vinyle de Supertramp : on entend les craquements, on devine les failles, et pourtant la mélodie tient. Les cycles passent, les icônes se démodent, les deals s’effacent ; reste l’oreille, et le choix de savoir si l’on écoute avec nostalgie… ou avec clairvoyance.
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Patrimoine
La tentation Zucman
Le 9 septembre, sur le plateau de Quotidien, Gabriel Zucman, professeur à l’ENS et à Berkeley, est venu défendre sa “taxe Zucman” : 2% annuel sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros. Une mesure qui, selon lui, rapporterait entre 15 et 25 milliards et ne concernerait qu’environ 1’800 foyers fiscaux. L’argument est simple : les 500 plus grandes fortunes françaises pèsent aujourd’hui 42% du PIB (contre 6% en 1996), leur patrimoine croît de 10% par an, et les milliardaires paient deux fois moins d’impôts que le Français moyen. Zucman parle d’égalité devant l’impôt et balaie l’argument de l’exil fiscal : “ça existe, mais marginalement”.
Le soutien populaire est massif : 77% des Français, même plus de 70% chez les électeurs de droite. Mais la droite politique et le patronat crient au risque de fuite des capitaux et de stigmatisation des riches : “On ne réussit pas en rajoutant des impôts.” Jean-Michel Aphatie, qu’on ne peut accuser d’ultralibéralisme (il fut membre du Parti socialiste dans les années 80), tranche : “Le problème de la France, ce sont les dépenses, pas les recettes.”
Et c’est bien là le cœur du sujet. La France vit depuis des décennies sous le règne de l’État providence et du colbertisme : un État protecteur, centralisateur, qui dépense sans compter et se voit comme l’assureur ultime de la société. Le fameux “quoi qu’il en coûte” de la pandémie n’a fait qu’amplifier une logique déjà ancienne. Mais voilà que l’addition se présente et, plutôt que de débattre de la taille et de l’efficacité de l’État, on cherche à faire payer une nouvelle cible commode : les ultra-riches.
Le problème, c’est que l’histoire récente démontre l’inverse : plus on taxe, plus on perd d’attractivité. Le Royaume-Uni vient d’en faire l’expérience, avec 16’000 millionnaires partis en un an après la suppression du statut “res-non-dom”. Les pays riches attirent les riches — la Suisse en est l’exemple parfait. En France, certains resteront malgré tout : leurs entreprises, leurs actifs, leurs racines les ancrent. Mais ceux qui peuvent s’en aller, s’en vont.
Derrière ce débat fiscal, il y a une vieille passion française : l’envie. “La haine du riche chevillée au corps”, comme on dit. On invoque l’égalité, la justice, la solidarité… mais au fond, on flatte ce ressort-là. L’envie est un péché capital, et un piètre moteur économique : elle ne crée rien, elle ne distribue que des frustrations. Là où l’on attire et l’on retient le capital, l’innovation et l’emploi suivent ; là où on le stigmatise et on le surtaxe, il s’évapore.
En somme, la taxe Zucman ne résout pas le problème de la France ; elle l’illustre. Un pays qui préfère se demander “qui va payer plus” plutôt que “comment créer plus”.
On éprouve jamais que 2 émotions en avion: l’ennui et la peur.
Orson Welles
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