B-R & H Finance ● Les 4 saisons

Mi-novembre 2025

Remplacer des emplois par l’IA suppose de la calibrer tâche par tâche. Devenir consultant, comptable ou spécialiste M&A ne s’improvise pas ; il faudra entraîner les modèles, et les jeunes diplômés sont les plus aptes à le faire.

Revue de marché

B-R & H Finance / Purement indicatifs / 19.11.2025 14h CET

B-R & H Finance / Purement indicatifs / 19.11.2025 14h CET

A force de crier au loup…

La période du 3 au 17 novembre a été dominée par trois thèmes qui se recoupent :

  1. La fin du shutdown historique du gouvernement américain, qui a paradoxalement accru l’incertitude en ne fournissant pas les données clés d’octobre (emploi, inflation, dépenses), du coup les économistes naviguent à vu.

  2. Une forte révision des anticipations relatives à la Réserve fédérale, le discours restrictif ayant remplacé la confiance précédente dans un assouplissement rapide, faisant passer la probabilité de baisse de taux en décembre d’un niveau quasi « entièrement intégré » en octobre à environ 40–45% aujourd’hui.

  3. Des prises de bénéfices largement réparties sur les actifs risqués, en particulier les cryptomonnaies, les valeurs technologiques à bêta élevé et les titres liés à l’IA, après un rallye exceptionnel en octobre.

Les actions américaines ont absorbé ce changement avec des dégâts limités au niveau des indices, mais un affaiblissement net des fondamentaux. Le S&P500 a évolué dans une fourchette de 6'620 à 6'850 ces derniers jours et cote autour de 6'620–6'650, en baisse sur le mois ; le Dow se maintient vers 46'000–47'000 ; le Nasdaq reste le plus chahuté (-5.25% Mtd).
En Asie, la performance est contrastée : le Nikkei a reflué sous 49'000 (après un pic >50'000 et une performance Ytd de 2%) ; l’Inde tient mieux.
En Europe, le ton reste fragile avec un CAC40/DAX en retrait pour raisons de cacophonie politique et budgétaire.

Indice CNN

Il fini par montrer le bIout de son nez

Les cryptomonnaies ont supporté l’essentiel du mouvement d’aversion au risque. Depuis ses plus hauts d’octobre, le bitcoin a corrigé et tourne ce matin autour de Usd 91'000–92'000 (-15.5% en MTD et -26% par rapport au plus haut) ; Ethereum s’échange vers Usd 3'050–3'120 (-20% Mtd). Le sentiment a suivi : l’indice « Fear & Greed » est retombé en peur extrême autour de 11–12/100, un plus bas du cycle récent. Côté matières premières, l’or consolide sous ses pics d’octobre et oscille autour de Usd 4'070–4'110 l’once.

Les 13 et 14 novembre ont marqué le réveil de l’ours : le KOSPI a décroché avec les grandes techno locales avant un rebond technique alimenté par des achats étrangers ; la volatilité est redevenue la norme.

Attente des résultats de Nvidia

Les marchés attendent avec nervosité les résultats du troisième trimestre de l’exercice fiscal 2026 de Nvidia, publiés après la clôture ce soir (19.11). Les futures se reprennent légèrement en amont, mais tout le monde guette le message sur la puce Blackwell et la pérénité des marges ; vu le poids de Nvidia dans le S&P500 et le Nasdaq-100, un écart à la hausse ou à la baisse peut déplacer tout l’édifice.

Suisse : Roche porte le SMI

À contre-courant, la Suisse a eu son « moment Roche ». Le titre a bondi après l’annonce de résultats positifs d’une étude de phase avancée pour Giredestrant, un SERD oral contre le cancer du sein, montrant une amélioration significative de la survie sans récidive. C’est exactement le type de lecture clinique qui change la perception d’un pipeline : moins de doute, plus de visibilité ; et, par ricochet, un SMI défensif qui respire quand l’appétit pour le risque cale.

Quelques chiffres

  • Pour Thanksgiving, l’amérique gâchera environ ≈145'150 tonnes de nourriture, soit l’équivalent de Usd 550m jetés en une seule journée (source ReFED).

  • Record battu : fin septembre, l’Île-de-France comptait 6.126 millions de m² de bureaux vides, selon Immostat, soit +17% sur un an.

  • Fin 2024, pour la première fois depuis 2000, le private equity sous-performe le S&P500 sur 1, 3, 5 et 10 ans, selon l’indice State Street Private Equity.

Editorial

Overeducated and underpaid

Avec Jonathan (founding partner B-R & H Finance), à nous deux, nous avons cinq enfants entre 11 et 21 ans. Je me demande comment l’arrivée de l’IA va affecter leur monde du travail. Les nouvelles en provenance des États-Unis ne sont pas rassurantes : 153'074 suppressions de postes le mois dernier. Depuis le début de l’année : 14'000 chez Amazon, 15'000 chez Microsoft et 21'000 chez Intel… Pour les managers américains, davantage de dépenses dans l’IA se traduit par moins d’embauches. L’IA est devenue le prétexte officiel, pour annoncer des plans de réduction d’effectifs ou des gels de postes juniors.

Le secteur financier Suisse paye très bien ses stagiaires (autour des CHF 4k) mais ce tarif est resté le même depuis 15 ans. Peu ou pas de changement alors que le coût de la vie ne cesse d'augmenter. Cela reflète un changement profond, la finance est rentrée dans le rang. Ce n’est plus un secteur en tension.

Avant je me posais des questions du genre : “La finance a-t-elle un avenir ?” “Peut-on encore très bien vivre comme employé ?” Avec l’IA, les questions deviennent plus transversales. Beaucoup décrocheront ; la pression montera pour un revenu universel ; dans certains pays, l’irrationnel et l’obscurantisme regagneront du terrain ; la natalité reculera ; et pourtant, au bout du compte, la vie sera plus douce : meilleure santé, tâches pénibles automatisées.

Je ne veux pas que nos enfants soient la génération sacrifiée. Ils doivent donc être en avance sur leur temps. Je ne veux pas qu’ils tombent dans the overeducated and underpaid.

Aujourd’hui, le jeune diplomé est une menace

Les jeunes sont souvent naïfs sur le monde du travail, ils n'intègrent pas que leurs aînés veulent garder leurs places. Ce n’est pas cynique, c’est humain. Avant l’entreprise était pyramidale, plus on montait et plus il y avait de gens en dessous de soi qui contribuaient à son P&L. C’était un peu le jeu de l’avion mais dans la vraie vie. A chaque échelon, son quota de subalternes. La question était de savoir combien de rattachement hiérarchique l’on pouvait manager efficacement.

Maintenant avec l’IA, même le stagiaire peut avoir une armée d’agents IA qui bossent pour lui (souvent à l’insu de son supérieur). Il peut donc faire plus, mieux, plus rapidement. De la même manière que nos parents ont du mal avec internet, IoT, Bluetooth… les couches supérieures des entreprises avec 10, 15 ou 20 ans d’expérience n’ont pas le temps, ni les compétences pour être à la pointe de l’IA. Le stagiaire finira donc par se faire remarquer et son n+1 débarquer.

L’IA n’est pas un rival

C’est un employé infatigable qu’il faut bien briefer (prompter). L’IA ne revendique pas la paternité de telle ou telle idée. Elle n’a ni ego ni carrière à défendre. Elle amplifie les écarts : les rapides iront plus vite ; les lents décrocheront plus tôt.
Conclusion simple : les juniors, bien équipés, prennent l’avantage sur le middle management. Les organisations vont s’aplatir. les early adopters rendront obsolètes des pans entiers d’encadrement intermédiaire.

Donc, si vous voulez orienter vos enfants

Assurez-vous qu'ils soient à la pointe, comme utilisateurs, de l'IA. Payez-leur des cours (même si l’on peut douter que les professeurs soient des fers de lance) ; qu’ils maîtrisent les techniques agentiques et qu’ils tiennent leurs armées digitales en parfait état de marche.

Et, pour l’investisseur?

En France, le coût du travail pour l’entreprise représente environ 65–67%. À production inchangée, toute réduction d’effectifs améliore mécaniquement la marge ; les profits suivent. Par ailleurs, un junior coute moins cher qu’un cadre et donc là encore, gain de production immédiat, donc plus de profit (cqfd).

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Patrimoine

Vers la fin de la transhumance

Les stations alpines ne sont plus de simples terrains de jeu pour trois mois de ski, mais des lieux de vie à l’année. Sur cinq ans, les prix y ont grimpé d’environ 23%, et l’indice Knight Frank progresse encore de 3,3 % sur un an, avec les stations suisses en tête (environ +5% contre +1,2% en France). Comme le résume l’auteure, « le marché alpin est passé des terrains de jeu d’hiver aux refuges à l’année ».

La hiérarchie des prix reste claire. Gstaad caracole en tête, suivie de St Moritz, puis Verbier et Crans-Montana côté suisse, tandis que Courchevel, Méribel et Megève mènent la danse en France. Avec 1 million d’euros, vous achetez à peine 22 m² à Gstaad et 27 m² à St Moritz, contre 31 m² à Verbier ou Courchevel 1850, 60 m² à Crans-Montana, 67 m² à Megève et plus de 100 m² à Morzine. Autrement dit, le prestige se paie au prix fort, mais certaines stations très connues offrent encore une surface “vivable” pour un budget similaire.

AlpinePropertyReport2026.pdf8.19 MB • PDF Fichier

Derrière ces mouvements de prix se trouve une base d’acheteurs très motivés. Dans l’Alpine Sentiment Survey menée auprès de plus de 570 particuliers fortunés, 56% déclarent envisager l’acquisition d’un bien alpin ; seuls 26% s’y opposent clairement et les autres restent indécis. L’appétit est particulièrement marqué en Chine (88% prévoient d’acheter), aux Émirats arabes unis (82%), au Royaume-Uni (76%) et aux États-Unis (53%). La moitié viserait des biens à moins de 2 millions d’euros, les autres se répartissant entre 2 et plus de 20 millions d’euros. Environ la moitié souhaite un refuge exclusivement privé, 44% prévoient un usage mixte entre occupation personnelle et location, et seule une petite minorité considère son chalet comme un pur produit d’investissement.

Le rêve devient de plus en plus permanent : 73% se diraient prêts à vivre à l’année dans les Alpes tout en travaillant à distance, une proportion qui grimpe à environ 80 % chez les milléniaux.

Le contexte réglementaire et climatique joue un rôle croissant. En Suisse, Lex Koller et Lex Weber verrouillent l’offre et renforcent la rareté dans des stations comme Verbier, Crans ou Gstaad. En France, de nouvelles règles encadrent les résidences secondaires et la location courte durée, tandis que les biens mal classés sur le plan énergétique seront progressivement exclus du marché locatif. Megève, Crans-Montana, Gstaad, Méribel, misent sur le “4 saisons” : golf, vélo, randonnée, bien-être. Pour beaucoup d’investisseurs, les Alpes deviennent une sorte de “coupe-feu climatique” européen.

Enfin, le rapport glisse quelques histoires d’arbitrage, comme Cortina d’Ampezzo, encore largement moins chère que St Moritz alors qu’elle se prépare aux JO 2026 et à un vaste plan d’infrastructures, avec une offre ultra-élitiste.

On peut naître vieux comme on peut mourir jeune

Jean Cocteau

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